Impact de la mort d’al-Zawahiri sur la vigueur du djihadisme en Afrique

Afriquinfos Editeur
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Kaboul (© 2022 Afriquinfos)- Depuis 2011 et l’élimination d’Oussama Ben Laden, il était devenu le numéro 1 d’Al Qaïda. Ayma al-Zawahiri a été a son tour éliminé par un drone américain dans la nuit de samedi à dimanche. Une disparation qui contrairement à celui du fondateur de la nébuleuse terroriste n’aura pas autant d’impact, notamment dans le Sahel où elle a désormais sa ‘’filiale’’.

C’est en plein de Kaboul qu’un drone américain a frappé Ayman al-Zawahiri mettant fin à plusieurs décennies de cavale. L’ancien médecin personnel d’Oussama Ben Laden avait pris la tête de l’organisation en mai 2011 mais n’avait pas autant d ‘influence et de charisme que son mentor. Aussi pour de nombreux analystes, son élimination relève plutôt du symbolique pour les Etats-Unis sans réel impact sur le fonctionnement du groupe terroriste.

Al-Qïda est depuis longtemps devenue une franchise avec des filiales à travers le monde notamment en Afrique où elle subit d’ailleurs la concurrence d’Aqmi. La mort d’Ayman al-Zawahiri ne devrait donc pas changer la donne sécuritaire sur les territoires où Al-Qaïda est implanté. « Il n’y aura aucun effet substantiel, estime le directeur de Global Programs, Michael Shurkin, spécialiste des questions de sécurité. « Vingt ans après les attentats du 11-Septembre, Al-Qaida est affaiblie en tant qu’organisation centralisée et on a du mal à croire que la mort d’Ayman al-Zawahiri aura un quelconque impact sur ce qui se passe au Mali par exemple’’, explique-t-il.

’En règle générale, l’idéologie est si bien implantée que la mort d’Ayman al-Zawahiri n’aura pas de conséquences dramatiques pour la pérénnisation du mouvement tentaculaire qu’est Al-Qaïda. Il y a cependant quelque chose qui relève de la fin des architectes du djihad global. Après Abdallah Azzam et Oussama ben Laden, la troisième tête fondatrice de l’hydre, de l’organisation, est tombée’, répond pour sa part Amélie Myriam Chelly, sociologue, spécialiste des islams politiques et chercheuse associée au Centre d’analyse et d’intervention sociologiques (CADIS) de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris. Elle était alors questionnée sur les conséquences de la mort d’al-Zawahiri sur Al-Qaida et ses filières comme le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans au Sahel.

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Si la mort d’Ayman al-Zawahiri n’a pas provoqué un séisme dans l’univers du terrorisme mondial l’histoire retiendra c’est lui qui a théorisé le concept de franchises djihadistes : de la péninsule arabique au Maghreb, de la Somalie à l’Afghanistan, en Syrie et en Irak. Il a favorisé la naissance de filiales, permettant de faire vivre le nom d’Al-Qaïda mais sans vraiment les contrôler. « Le plus grand succès de Zawahiri est d’avoir maintenu Al-Qaida vivante », résume Barak Mendelsohn, professeur à l’université Haverford de Pensylvannie.

Boniface T.