Combattre le terrorisme: Les grands enseignements du 7e Sommet du G5 Sahel 

Afriquinfos Editeur
7 Min de Lecture

N’Djamena (© 2021 Afriquinfos)- La 7ème Session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat du G5 Sahel s’est tenue à N’Djamena (Tchad), le 16 février 2021. A cette occasion, de grandes résolutions ont été prises. Le président tchadien, le Maréchal Idriss Déby Itno, tout fraîchement désigné nouveau président du G5 Sahel, a annoncé l’envoi de 1.200 soldats dans la zone des trois frontières (Mali, Burkina Faso et Niger) pour intensifier la lutte anti-terroriste. Cette décision répond à la volonté des différents partenaires, notamment la France et ses alliés européens réunis au sein de la Force Takuba de mutualiser leurs forces pour décapiter les «forces du mal» qui oeuvrent dans la région du Sahel.

Repartir sur une nouvelle dynamique, c’est l’un des grands enseignements qui ressort de la rencontre de N’Djamena. En témoigne l’annonce de renforts par la partie tchadienne qui jusque-là était réticente à déployer davantage ses hommes. En effet, annoncé lors du précédent Sommet de Pau, le 13 janvier 2020, l’envoi de soldats tchadiens n’a pu être effectué en raison d’un certain nombre de facteurs, notamment «la menace jihadiste grandissante sur les bords du lac Tchad, mais également un désaccord constant entre N’Djamena et ses partenaires sur les modalités de ce déploiement». Mais, déterminé à éradiquer ce phénomène, le Maréchal Idriss Deby Itno a fait savoir dans un tweet que «nos efforts et ressources mutualisés nous permettrons de coordonner nos actions pour cette lutte contre le terrorisme». Ce sont donc 1.200 militaires tchadiens supplémentaires qui rallieront la zone des trois frontières.

Le Président sortant du G5 Sahel, le président mauritanien, Mohamed Ould El-Ghazaouani,  avant de passer le témoin à son homologue tchadien, a retracé les différentes actions et les moyens mis en œuvre pour lutter contre le terrorisme et promouvoir le développement dans les zones les plus vulnérables du Sahel. Mohamed Ould El-Ghazaouani a aussi rendu hommage à Idriss Déby Itno pour cette décision: «Je voudrais lui exprimer toute notre reconnaissance pour les efforts et sacrifices que le Tchad ne cesse de consentir en faveur de la paix et de la sécurité dans la région. Je citerai en particulier sa décision de déployer un deuxième bataillon au profit de la force conjointe du G5 Sahel».

Au vu des nombreux défis auxquels font face les pays du G5 Sahel, dont entre autres la menace terroriste, la Covid-19 et les problèmes de développement, les différents intervenants ont insisté «sur les moyens et stratégies de tous ordres à déployer par les Etats membres, les organisations régionales, l’Union Africaine, l’ONU, les pays amis et les Partenaires Techniques et Financiers».

- Advertisement -

Ainsi, pour le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, au-delà des efforts du Tchad, il faut une mobilisation pour une montée en puissance des troupes. «Plus le temps passe, et plus le phénomène terroriste s’installera, s’incrustera et se répandra dans l’espace sahélien et même au-delà (…) Nous avons besoin d’action, d’une action d’envergure où chacun de nous tous se voit définir sa propre partition dans la symphonie générale», a insisté M. Faki Mahamat qui intervenait lors du 7ème Sommet du G5 Sahel.

Pour contrer la menace du terrorisme, le président de la Commission de l’UA a plaidé pour un «vrai supplément de méthode et de rigueur» dans l’application des décisions et engagements, à la fois nationaux et internationaux. «Notre constant plaidoyer se poursuivra pour la mobilisation des ressources et la montée en puissance de la force conjointe du G5 Sahel en coordination avec le Secrétariat exécutif», souligne-t-il.

Compter sur toutes les forces en présence

A sa suite, le président français Emmanuel Macron, qui suivait la session depuis Paris par visioconférence, s’est réjoui des succès obtenus depuis le sommet de Pau en 2020 mais reconnait que «les organisations affiliées à Al-Qaïda, le GSIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans) et la Katiba Macina, dont la plus haute hiérarchie continue à nourrir un agenda jihadiste, constituent toujours une menace au Sahel».

Le numéro 1 français a promis de ce fait «une action renforcée pour essayer d’aller décapiter ces organisations».

Alors que l’un des points importants de ce Sommet devait porter sur la réduction ou non des effectifs de la Force Barkhane, Emmanuel Macron a aussi salué la décision du président tchadien Idriss Déby Itno d’envoyer 1.200 soldats dans la zone des trois frontières. C’est «une décision forte et courageuse qui viendra conforter la force du G5 Sahel», a-t-il commenté. Par ailleurs, «la mobilisation internationale en faveur du Sahel n’a au fond jamais été aussi puissante», a fait valoir le chef de l’Etat en remerciant les pays européens participant au nouveau groupement de forces spéciales Takuba, «qui acceptent ainsi de mutualiser le risque du sacrifice ultime que prennent nos soldats».

Le président français a en outre insisté sur la nécessité de «donner une perspective aux populations du Sahel». En appelant à un «deuxième sursaut» : celui du retour de la sécurité et des services aux populations», et en réclamant «une impulsion au plus niveau de l’Etat» pour réinvestir les territoires délaissés de la région. «C’est par le collectif et l’action concrète sur le terrain que nous réussirons. La France continuera d’y prendre sa part parce que je sais que chacun est ici mobilisé», a conclu Emmanuel Macron.

Le Sommet élargi de la Coalition Sahel a réuni les pays du G5 Sahel, la France, l’Union Africaine, la Cédeao ainsi que les partenaires techniques et financiers).

S.B.