Afruibana salue la publication par l’UE de sa directive sur les salaires minimaux adéquats, appelle à ce que ses principes viennent éclairer les débats sur le “salaire décent”

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Paris (© 2022 Afriquinfos)- Le 4 octobre dernier, le Parlement et le Conseil européens ont trouvé un accord sur la proposition de directive qui «prévoit de favoriser le caractère adéquat des salaires minimaux légaux et de contribuer ainsi à garantir des conditions de travail et de vie décentes aux travailleurs en Europe». Afruibana se félicite du fait que le contenu de cette directive résonne étroitement avec les positions qu’elle a adoptées dans le débat traversant les pays producteurs sur la notion de “salaire décent”.

La directive apparaît aux yeux d’Afruibana, et des pays producteurs qu’elle représente, comme une étape importante dans les discussions qui se tiennent autour de la notion de “salaire décent” et ce à 3 niveaux.

  1. La directive encourage le recours à la négociation collective dans la fixation des salaires

La directive souligne que, dans les pays ne fixant pas de salaire minimum légal mais où le marché est largement couvert par des négociations collectives, le salaire moyen est généralement plus élevé. Afruibana partage cette analyse et veille à promouvoir parmi les sociétés productrices membres des associations qu’elle fédère un syndicalisme robuste permettant un dialogue social vivant et la conclusion d’accords salariaux ou de conventions collectives. Dans cette logique, toute méthode qui viserait à imposer un “salaire décent” de manière unilatérale constitue, pour les pays producteurs, un contournement du rôle qui fonde la légitimité de la représentation syndicale.

  1. La directive ne prescrit pas un niveau de salaire minimum spécifique

La directive ne prescrit pas « un niveau de salaire minimal spécifique que les États-membres seraient tenus d’atteindre ». Sur ce point, Afruibana souligne le fait que l’unique méthodologie actuellement imposée par les certificateurs pour déterminer et actualiser les niveaux de salaires “décents” ne prend pas assez en compte les spécificités propres à chaque économie et chaque secteur d’activité. Afruibana est soulagé de constater que les institutions européennes sont conscientes de la nécessaire pluralité qui doit accompagner les approches au sein d’un même cadre général.

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Par ailleurs, le “salaire décent” introduit une distinction dommageable avec le salaire minimum : En effet, dans les pays africains membres de l’association, les niveaux des salaires minimums sont souvent bien inférieurs à ceux définis comme “décents”. Cela doit-il sous-entendre que les salaires minimums actuels ne sont pas “décents”, alors même qu’à l’échelle du globe les salaires minimums jouent un rôle essentiel et reconnu dans la lutte contre la pauvreté, l’élévation générale des niveaux de vie et les efforts de formalisation de l’économie ?

  1. La directive invite les Etats-membres à «mettre en place un cadre procédural pour fixer et actualiser ces salaires minimaux selon un ensemble de critères précis»

La directive invite en effet chaque État-membre à définir des critères clairs en conformité avec leurs pratiques nationales et à décider du poids relatif de ces mêmes critères en tenant compte des conditions socio-économiques nationales. Afruibana souscrit pleinement à ce rappel de la prérogative de l’État et ce souci de pleine prise en compte des réalités locales.

En conclusion et à la lumière des 3 caractéristiques de cette directive européenne, comment pourrait-on légitimement imposer aux partenaires des pays en développement un cadre plus contraignant que ce que l’UE impose à ses propres membres?

Joseph Owona Kono, Président d’Afruibana, se félicite donc de voir l’Union européenne avancer sur l’objectif d’une convergence sociale vers le haut grâce à l’instauration de salaires minimums adéquats. Il appelle ainsi «à ce que ces dispositions s’appliquent dans le même esprit pour les pays partenaires de l’Union européenne, ne voyant aucune justification à ce que la fixation de “salaires décents” soit, pour la filière africaine bananière ou d’autres chaînes de valeur agricoles des pays en développement, imposée de l’extérieur, sans concertation avec l’ensemble des parties prenantes et la pleine prise en considération des spécificités locales».

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