Que ce soit au Togo, au Burkina Faso, en RDC, au Cameroun ou encore au Gabon, plusieurs défis restent à relever. Les chefs d’Etat respectifs de ces pays font de 2015 l’année de l’aboutissement de leurs challenges. Tour d’horizon de quelques messages présidentiels de vœux.
Togo : Faure Gnassingbé propose une Commission de réflexion sur la démocratie
Dans son message de vœux adressé à la nation togolaise, le chef d’Etat suggère qu’une commission de réflexion composée de personnalités de tous horizons soit mise en place pour réfléchir et proposer dans un bref délai, une réforme en profondeur sur l'ancrage de la démocratie togolaise.
« Il me parait fondamental de dépasser les contingences immédiates pour ouvrir un vaste champ de réformes politiques en profondeur dans le but de consolider notre ancrage démocratique et le processus de réconciliation nationale.A cet effet et conformément à la huitième recommandation du rapport de la commission Vérité, justice et réconciliation, qui souligne la nécessité de régler la question des réformes institutionnelles, une commission de réflexion sur les réformes politiques sera mise en place. »a déclaré Faure Gnassingbé.
La question des reformes constitutionnelles est au cœur des débats au Togo. L'opposition exige la limitation des mandats à deux mandats consécutifs et l’organisation des élections à deux tours de scrutin. Après le rejet du projet sur ces réformes en juin par la majorité présidentielle, une autre proposition de loi est sur la table des députés.
Burkina Faso : Kafando annonce la tenue des élections présidentielles pour octobre 2015
«Nos différentes rencontres avec la CENI (Commission électorale nationale indépendante), ces derniers jours, permettent d’envisager des projections qui rendent possible le scrutin dès le début du mois d’octobre 2015 », a annoncé le président de la transition, Michel kafando dans ses vœux adressés au peuple burkinabè.
Le président a également décidé de lever la mesure de suspension du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), l'ancien parti présidentiel, et de l'ADF/RDA (Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain) dont les activités étaient jugés « incompatibles avec la loi».
«J’ai décidé, par mesure de clémence, de lever la suspension à l’encontre des partis politiques, frappés par cette décision. Mais je tiens à les avertir que la transition n’aura pas d’état d’âme s’il advenait que ces mêmes formations politiques s’adonnent à un activisme débordant, au point de menacer la sécurité de l’Etat», a averti l’actuel homme fort du Burkina.
RDC : Des élections locales, municipales et provinciales prévues en 2015
Dans son message des vœux, le président Joseph Kabila a annoncé l’organisation en 2015 des élections locales, municipales et provinciales ainsi que le démarrage du recensement général de la population. « L’année qui s’annonce sera marquée par l’organisation des élections locales, municipales et provinciales, ainsi que le démarrage des opérations de recensement de la population », a déclaré le président.
«Si le recensement de la population est une donnée dont la gestion de l’Etat ne peut faire l’économie, ces élections, quant à elles, serviront d’étalon à notre démocratie. Je vous invite tous à contribuer à leur totale réussite dans un climat apaisé et dans un esprit républicain. Ce défi, comme tous les autres auxquels nous serons confrontés au cours de cette nouvelle année, renforce notre détermination à privilégier en toutes circonstances, les exigences de la cohésion nationale et celles de l’excellence dans tous les domaines », a ajouté Joseph kabila.
Gabon : Ali Bongo prône le dialogue avec ses opposants
De son coté, en s’adressant aux gabonais e 31 décembre 2014, le président Ali Bongo Ondimba, s’est déclaré prêt à dialoguer avec ses opposants qui exigent sa démission, l’accusant de ne pas être originaire du Gabon.
Cependant, le chef d’Etat a expliqué qu'un tel dialogue n'était possible qu’avec des personnes qui respectent les institutions de la République, et ceux qui les incarnent. « Dans notre pays, le dialogue a toujours été privilégié pour surmonter nos divergences et résoudre nos problèmes. Cependant, depuis un certain temps, quelques compatriotes, relayés par quelques médias internationaux, veulent faire croire aujourd’hui, comme ils le faisaient déjà en 2012, que je serai fermé à toute idée de dialogue. Comme je l’ai déjà dit, j’ai été, je suis et resterai un homme de dialogue et d’ouverture »,a déclaré Ali Bongo.
Et de mettre en garde :« Et ceux qui me connaissent bien savent aussi que le président de la République ne peut dialoguer avec des personnes qui ne respectent ni les institutions de la République, ni ceux qui les incarnent. Le président de la République ne peut pas dialoguer avec des personnes qui violent délibérément les lois de la République. Pour dialoguer et agir efficacement, il importe de jeter à la rivière la haine, la vengeance, la violence».
Cameroun : Paul Biya justifie la loi contre le terrorisme
Au cours de son message, le président camerounais Paul Biya s'est prononcé pour la première fois sur l'adoption et la promulgation récente d'une loi contre le terrorisme. Cette loi très controversée condamne à la peine de mort toute personne reconnue coupable de fait terroriste. L'opposition et les organisations de la société civile ont dénoncé une loi liberticide qui criminalise les manifestations publiques.
Mais pour le président camerounais, cette loi s'imposait à l'arsenal juridique du pays.
«La montée des périls à nos frontières nous a amené à prévoir des dispositions concernant les effets que cette menace pourrait représenter pour notre sécurité intérieure. Tel est l’objet de la loi sur la répression du terrorisme, que le Parlement vient d’adopter, à une large majorité. Il ne s’agit aucunement, comme l’ont prétendu certains esprits mal intentionnés, d’en prendre prétexte, pour restreindre les libertés publiques. D’ailleurs, le texte est parfaitement clair à cet égard».
«J’ajoute, que devant la multiplication des actes terroristes, la plupart des grands pays démocratiques ont dû, au cours des dernières années, compléter leur législation, dans le sens de la prévention du terrorisme. Ce faisant, ils se conformaient aux recommandations des organisations internationales, notamment les Nations unies et l’Union africaine. C’est ce que nous-mêmes avons jugé bon de faire», s’est justifié le chef d’Etat camerounais.
L. Agbenou