Afrique du Sud: Rentrée parlementaire ce 18 juillet, avec présentation des orientations du premier exécutif de coalition post-Mandela

Afriquinfos Editeur
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Le Président Cyril Ramaphosa prête serment, à Pretoria le 19 juin 2024.

Le Président sud-africain Cyril Ramaphosa présente ce 18 juillet 2024 les orientations de son nouveau Gouvernement lors de la rentrée parlementaire, après le revers électoral subi en mai dernier par son parti historique, l’ANC, qui l’a contraint à former une coalition élargie.

Le chef du parti sud-africain de l’Alliance démocratique, John Steenhuisen, prête serment comme ministre de l’Agriculture le 3 juillet 2024 au Cap.

Le président de 71 ans s’adressera, jeudi à 19H00 (17H00 GMT), aux deux chambres du Parlement au Cap pour marquer l’ouverture de la nouvelle législature. « Ce discours est vraiment un moment historique puisqu’il intervient dans des circonstances uniques et complexes », a déclaré ce 17 juillet 2024 le président du Parlement, Thoko Didiza.

Affaibli par plusieurs scandales de corruption et par un mauvais bilan économique pendant le précédent mandat de Cyril Ramaphosa, le Congrès national africain (ANC), anciennement présidé par Nelson Mandela, a perdu la majorité absolue au Parlement pour la première fois en 30 ans à l’issue des élections législatives du 29 mai, au cours desquelles ce parti n’a obtenu que 40% des suffrages, ne conservant que 159 sièges de députés sur un total de 400.

Le Président sud-africain Cyril Ramaphosa à Pretoria le 15 juillet 2024.

Un résultat qui reflète une désillusion croissante des Sud-Africains depuis l’instauration de la démocratie en 1994, avec un taux de chômage record de 33%, des taux de pauvreté et de criminalité élevés, et un accès irrégulier aux services de base tels que l’eau et l’électricité.

– Coalition –

Après des semaines de difficiles négociations, l’ANC a formé une coalition gouvernementale avec 10 autres groupes, s’alliant avec le centre droit, notamment le premier parti d’opposition l’Alliance démocratique (DA, 87 sièges), ce qui, selon certains analystes, devrait rassurer les investisseurs.

Au Parlement, le Gouvernement de coalition devrait recevoir un accueil houleux de la part de l’opposition de gauche uMkhonto weSizwe (MK), dirigé par l’ancien Président Jacob Zuma, et du parti des Combattants pour la liberté économique.

Arrivés respectivement en 3e et 4e positions en mai 2024, ces deux partis se sont associés à trois autres groupes plus petits au sein d’une alliance anticapitaliste disposant de 102 sièges.

Les dirigeants de l’alliance de l’opposition ont déclaré ce 18 juillet 2024 à la presse que, parmi leurs priorités, figuraient l’expropriation des terres appartenant aux Sud-Africains blancs en vue de leur redistribution et la nationalisation de la banque nationale et des mines.

Le chef de l’opposition au Parlement, John Hlophe (MK), a dénoncé une coalition au pouvoir destinée selon lui à « préserver le pouvoir actuel du capital monopolistique blanc dans l’économie », la DA étant encore largement perçue comme un mouvement blanc.

L’ANC a conservé vingt postes ministériels, dont ceux des Affaires étrangères, de l’Economie, de la Défense, de la Justice, ainsi que les compétences en matière de police, au sein d’une administration surdimensionnée de 32 ministères. Six ministères – dont l’Intérieur – sont désormais aux mains de l’Alliance démocratique (DA, centre libéral), qui était jusqu’ici la premier parti d’opposition très critique vis-à-vis de l’ANC. Son chef, John Steenhuisen, a été nommé ministre de l’Agriculture. Six autres ministères ont été partagés entre le parti nationaliste Zoulou Inkatha pour la liberté, le parti anti-immigration Patriotic Alliance, le parti afrikaans de droite Freedom-Front Plus et d’autres plus petits partis.

– « Bonne volonté » durable ? –

Le nouveau Gouvernement, décrit par l’ANC comme d’unité nationale, a eu sa première réunion le week-end dernier, dans une atmosphère cordiale. Certains observateurs politiques prédisent néanmoins de futurs désaccords, par exemple sur la politique étrangère et la réforme nationale du système de santé chère à l’ANC, un parti de gauche, mais fustigée par la DA. Selon William Gumede, professeur à l’université de Witwatersrand, M. Ramaphosa devrait donc axer son discours sur des politiques peu controversées, comme une réforme pour professionnaliser la Fonction publique, plombée par la corruption.

Du côté de la DA, John Steenhuisen a déclaré mercredi 17 juillet que le Président devrait présenter « un programme des réformes » qui, « dans de nombreux cas, correspond à la politique de la DA lorsqu’il s’agit de débloquer l’investissement et la croissance économique et de permettre la construction d’un Etat compétent ». Dans l’opposition, le MK, un nouveau parti qui a défié les pronostics en remportant plus de 14% des voix, pourrait être une épine dans le pied du Congrès national africain, car certains de ses membres sont d’anciens cadres de l’ANC et « savent donc où sont les +cadavres+ » (dans le placard), estime M. Gumede.

Le Président sud-africain Cyril Ramaphosa lors d’un discours au Cap le 3 juillet 2024.

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