Ouvrage à lire à tout prix pour mieux comprendre la géopolitique autour de l’éviction de Kadhafi

Afriquinfos Editeur
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Paris (© 2023 Afriquinfos)-« L’Homme de Tripoli » : Tel s’intitule un roman qui permet de mieux comprendre les coulisses d’un service de renseignement et le dessous des cartes en Libye. L’ouvrage qui est une œuvre de Jean-François Lhuillier raconte sa vie d’agent secret en Libye, où il était en poste entre 2009 et 2012, au moment de la chute du Colonel Khadafi.

Après 25 ans passés au sein de la DGSE, les services de renseignements français, l’officier traitant (OT) et chef du poste Tripoli raconte son expérience libyenne débutée sous le régime du colonel Kadhafi. Après avoir évoqué son évacuation, il relate son retour sur le terrain suite aux frappes de l’aviation française en mars 2011. Son ambition, qui n’est pas nécessairement celle de ses chefs, est de se porter au contact des forces de l’insurrection pour mesurer leur organisation et leur aptitude à renverser le régime.

Dans cette œuvre axée sur plus réalités que de fictions, l’auteur met à profit cette expérience inédite pour illustrer la place et le rôle de la DGSE dans la politique extérieure de la France. Loin des clichés et avec un regard sans concession, il a fait partager sa passion pour l’action secrète où recrutement et manipulation de sources humaines clandestines se mêlent parfois aux rivalités internes au Service compliquant sa mission.

’Les premiers signes de craquement débutent en Cyrénaïque, à Benghazi. Senoussi à ce moment-là, je crois, il ne sait pas comment sortir de cette situation qui lui échappe. Effectivement, il m’appelle et il demande l’aide de la France’’, confit l’auteur dans un entretien sur Rfi.

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A la question de savoir si sa conviction, à cette époque – et aujourd’hui encore manifestement c’est qu’il n’y a pas eu de ‘’révolution libyenne’’ mais un soulèvement armé en Cyrénaïque, dans l’est de la Libye? ‘’Oui, c’est très exact. Il n’y a pas eu de révolution libyenne. J’étais sur le terrain donc j’avais les sources un petit peu dans tous les niveaux de la société. Bien sûr qu’il y avait des foyers de mécontentement, mais ça ne prenait pas une ampleur incroyable’’, répond-t-il.

S’agissant du rôle de la France, il souligne que  ‘’la France envoie des armes aux rebelles. C’est la principale aide qu’on apporte aux rebelles en fait : armes et munitions. C’est le service action qui met en œuvre ça. C’est-à-dire que le service action est chargé de former les rebelles sur le plan militaire.’’

Il évoque entre-autre, la montée du terrorisme avant la chute du régime libyen. Et ça, c’est de la situation avant. Et puis les évènements arrivent, et donc là effectivement le problème c’est la diffusion des armements, la dissémination des armements qui s’en est suivi quasiment immédiatement parce que les arsenaux libyens, qui étaient plus ou moins gardés – plutôt moins que plus d’ailleurs – sont devenus ouverts à tout vent. Et les islamistes sont venus se servir et voilà.

Ce document exceptionnel dont le titre est inspiré de l’ouvrage d’Erwan Bergot, L’homme de Prague, est le premier témoignage qui décrit véritablement les missions d’un agent secret sur le terrain, très éloignées de ce que proposent les écrans.

C’est à Syrte, sa ville natale, que le colonel libyen est mort, lynché par la foule, le 20 octobre 2011, après quarante-deux ans de règne. Dix ans après, les circonstances exactes de sa mort restent encore mystérieuses.

V. A.