Rabat (© 2022 Afriquinfos)- L’Allemagne a annoncé publiquement, le jeudi 25 août 2022, son soutien à l’initiative marocaine d’autonomie sur le Sahara occidental, refermant ainsi la page d’une longue brouille diplomatique entre les deux pays.
«L’Allemagne considère le plan d’autonomie présenté en 2007 comme un effort sérieux et crédible du Maroc et comme une bonne base pour une solution acceptée par les deux parties», a indiqué une déclaration conjointe publiée à l’issue de la première visite à Rabat de la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock.
Les deux parties conviennent, en outre, de « l’exclusivité de l’ONU dans le processus politique » et « réaffirment également leur soutien à la MINURSO » (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental), un aveu implicite du Maroc que la solution à ce dossier passe par la tenue d’un référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui.
La cheffe de la diplomatie allemande a insisté sur le fait que ce processus « doit se dérouler dans le cadre des Nations unies et sous l’égide de l’Envoyé spécial (du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura). S’il y avait vraiment une solution, on n’aurait pas eu recours à cette opération« .
« Il y a de petites divergences mais il faut créer la confiance. Le signal lancé est qu’il faut un lieu où on peut trouver une solution aux conflits et c’est bien l’ONU », a-t-elle insisté.
La ministre allemande des Affaires étrangères et son homologue marocain se sont par ailleurs félicités de la reprise de la coopération entre les deux pays et ont affiché leur volonté d’établir « un dialogue stratégique », en particulier sur le changement climatique, les énergies vertes et le développement du continent africain, selon la déclaration conjointe.
Une brouille diplomatique dissipée grâce à Olaf Scholz
L’Allemagne est l’un des principaux partenaires économiques et commerciaux du royaume. Rabat avait suspendu tous ses contacts avec l’ambassade d’Allemagne au Maroc en mars 2021 en raison de «malentendus profonds» avec Berlin. Parmi les points de friction, figurait la position de l’Allemagne sur le Sahara occidental.
Berlin avait critiqué la décision de Washington de reconnaître, en décembre 2020, la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Suite à cette position allemande qualifiée par Rabat « d’acte hostile » et d’une « adversité constante et inacceptable », le Maroc avait décidé, début mars 2021, de geler ses relations diplomatiques avec Berlin et de ne plus coopérer avec les autorités et les fondations allemandes. L’ambassadrice marocaine à Berlin avait été aussi rappelée pour consultation.
La brouille diplomatique a cependant commencé à se dissiper en décembre dernier, après l’entrée en fonction du nouveau cabinet du chancelier allemand Olaf Scholz, qui a esquissé des gestes d’apaisement envers Rabat.
Dans un discours samedi, le roi du Maroc a mis en demeure « certains partenaires» à «clarifier» leur position sur le Sahara occidental et à soutenir «sans aucune équivoque» l’initiative marocaine d’autonomie, un message qui s’adressait d’abord à la France, avec laquelle les relations se sont refroidies, selon les médias locaux. Cependant Mohammed VI a évoqué la « position constructive » de l’Allemagne sur le conflit du Sahara, ainsi que d’autres pays comme l’Espagne et les Pays-Bas.
Pour rappel, le déplacement de Annalena Baerbock intervient au moment où le président français Emmanuel Macron commence une importante visite en Algérie, rivale régionale du Maroc.
Le Sahara occidental est un territoire non autonome au sous-sol riche en ressources naturelles disputé depuis 1975 entre le Maroc et les indépendantistes du Front Polisario soutenus par l’Algérie.
Vignikpo Akpéné
