Libye: le Gouvernement de transition décroche la confiance du Parlement

Afriquinfos Editeur
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Le Premier ministre désigné libyen Abdel Hamid Dheibah, à Tripoli le 25 février 2021 (AFP).

Le gouvernement de transition en Libye a décroché mercredi la confiance du Parlement, un vote salué comme « historique » pour un cabinet né d’un processus parrainé par l’ONU et qui doit contribuer à sortir le pays du chaos en le menant jusqu’à des élections fin décembre.

Après deux jours d’intenses débats, le Parlement a approuvé l’équipe d’Abdelhamid Dbeibah par 121 voix sur les 132 députés présents. « Je vous remercie pour votre confiance », a réagi ce milliardaire de 61 ans désigné Premier ministre par intérim le 5 février par 75 responsables libyens de tous bords réunis à Genève sous l’égide de l’ONU, en même temps qu’un Conseil présidentiel de trois membres. « Le moment est venu de tourner la page des guerres et des divisions », a-t-il ensuite tweeté.

Le nouveau gouvernement doit prêter serment lundi prochain à Benghazi (est), deuxième ville de Libye et berceau de la déstabilisation occidentale organisée contre le régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

Le Gouvernement d’union nationale (GNA) sortant de Fayez al-Sarraj s’est dit « pleinement prêt à lui transmettre les missions et les responsabilités en toute sérénité et dans le respect de l’alternance pacifique du pouvoir ».

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Le nouvel exécutif doit remplacer aussi bien le GNA que le pouvoir rival à l’Est, incarné par le maréchal Khalifa Haftar. Les députés étaient réunis depuis lundi à Syrte, ville à mi-chemin entre les régions rivales de l’Est et de l’Ouest. Ils ont longuement débattu de la composition du gouvernement Dbeibah, de la répartition géographique des postes et de sa feuille de route. La mission onusienne en Libye avait salué lundi une « session historique » et une « étape cruciale » pour l’unification du pays, alors que le Parlement, profondément divisé, s’était très rarement réuni ces dernières années.

Elle a rappelé mercredi à ce pays de sept millions d’habitants qu’il avait « désormais une réelle opportunité d’avancer vers l’unité, la stabilité, la prospérité, la réconciliation et de restaurer pleinement sa souveraineté ». « Ce sera le gouvernement de tous les Libyens », a promis le Premier ministre visiblement ému, dans un bref discours après le vote. « La Libye est une et unie », a clamé M. Dbeibah, originaire de Misrata (Ouest).

– « Jour historique » –

Les Etats-Unis, l’Union européenne, la France, l’Italie, les Emirats arabes unis ou encore le voisin tunisien ont félicité la Libye aussitôt après le vote. L’ambassadeur de l’UE en Libye Jose Sabadell a salué une « journée vraiment historique! », tandis que l’ambassade de France a félicité « le peuple libyen en ce jour historique » et transmis à M. Dbeibah « les voeux de succès du président (Emmanuel) Macron pour une Libye unie ». « Il s’agit d’un résultat important et encourageant sur le parcours de normalisation du pays et qui ouvre la voie à une transition institutionnelle effective sous le signe de l’unité », a réagi le ministère italien des Affaires étrangères.

Saluant « un jour historique », le président du Parlement Aguila Saleh a tenu à rappeler que le gouvernement de M. Dbeibah « devait savoir que son mandat et ses responsabilités prendraient fin le 24 décembre », date des élections programmées dans le cadre du processus onusien. Le Premier ministre a présenté un gouvernement « représentatif de tous les Libyens », composé de deux vice-Premiers ministres, 26 ministres et six ministres d’Etat. Deux ministères régaliens, les Affaires étrangères et la Justice, ont été attribués à des femmes, une première en Libye.

M. Dbeibah devra désormais unifier les institutions libyennes et mener la transition jusqu’aux élections du 24 décembre.

Le processus politique lancé sous l’égide de l’ONU a été entaché par la récente diffusion d’extraits d’un document encore confidentiel d’un Comité d’experts onusiens faisant état de faits de corruption et d’achat de votes. L’affaire a provoqué un tollé en Libye mais M. Dbeibah a défendu « l’intégrité du processus ».

Depuis l’assassinat de M. Kadhafi, la Libye est minée par le chaos, les divisions et les luttes d’influence sur fond d’ingérences étrangères. La fin des combats à l’été 2020 et le lancement du processus onusien ont ravivé l’espoir d’une relance de l’économie de ce riche pays pétrolier d’Afrique du Nord, jadis parmi les plus prospères de la région. Le Premier ministre devra aussi répondre aux attentes pressantes des Libyens dont le quotidien est marqué par d’importantes pénuries de liquidités, d’essence, des coupures d’électricité quotidiennes et par une inflation galopante. Les infrastructures sont à plat, les services défaillants.