Nigeria. Les évêques demandent la démission du président après la mort de deux prêtres

Afriquinfos
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Abuja (© Afriquinfos 2018)-Mardi 24 avril, deux prêtres et seize paroissiens ont été tués dans une église du Nigeria. Dans une lettre publiée vendredi, les évêques demandent de concert la démission du président Buhari. Mais le chef d’État ne compte pas partir.

C’est une première dans l’histoire du Nigeria : les évêques catholiques demandent au président de s’en aller. L’élément déclencheur : le massacre, mardi 24 avril, de deux prêtres et seize fidèles dans une église, attribué à des éleveurs, majoritairement musulmans.

« Que son échec soit dû à l’incapacité d’agir ou au manque de volonté politique, il est temps pour lui de choisir le parti de l’honneur et d’envisager sa démission afin de sauver le pays d’un effondrement total », écrivent les évêques nigérians dans une lettre publiée vendredi.

Muhammadu Buhari, 75 ans, à la tête du pays depuis 2015, est vivement contesté depuis l’an dernier. En 2017, le Nigeria a traversé une récession économique aggravée par la chute des cours du baril de pétrole. Mis à part le conflit avec Boko Haram, il est cette fois critiqué pour sa gestion des conflits entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades qui ont occasionné de nombreux morts ces derniers mois.

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Cet appel des évêques aura-t-il des conséquences politiques ? Possible, car ils sont très influents dans le sud du pays, essentiellement catholique. Ces derniers jours, des centaines de jeunes ont d’ailleurs exprimé leur colère à Marakudi, capitale de l’État des Benue. « On est dans une situation pré-révolutionnaire, comme celle qui précédait la guerre du Biafra (1967-1970) », explique Jean-Yves Urfié, en charge de l’information pour la congrégation des Pères du Saint Esprit. À l’époque, la guerre civile avait fait plus d’un million de morts et la « République du Biafra » avait été rayée de la carte.

« Un nouveau mouvement indépendantiste voit le jour. Pour l’instant, il n’a pas encore le soutien de la majorité de la population, mais cela pourrait changer », avance le prêtre Jean-Yves Urfié.

Le 25 avril, les membres de la chambre basse du Parlement ont voté en faveur de la convocation de Buhari. Ils lui demandent des comptes après la série de meurtres dans différents États de la Fédération du Nigeria. De plus, les parlementaires souhaitent « le remplacement des chefs de service et conseillers en sécurité » de l’armée.

Pour l’heure, le président Buhari ne compte pas céder sa place. Il prévoit d’ailleurs de se représenter lors des prochaines élections en 2019.

En 2017, le Nigeria était le deuxième État le plus violent d’Afrique. Selon Armed Conflict Location and Event Data Project, une organisation américaine spécialisée dans les conflits armés, il représentait près de 10 % de tous les conflits politiques hebdomadaires à travers le continent.

Innocente Nice