Manipulation et narratifs anti-France au Sahel: Après le Mali, le Niger épicentre de manifestations citoyennes?

Afriquinfos Editeur
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Les "trois frontières" au Sahel.

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté pacifiquement dimanche 18 septembre dans les rues de la capitale nigérienne Niamey, pour protester notamment contre la force antijihadiste française Barkhane, tout en encensant la Russie, a constaté un journaliste de l’AFP. 

L’écusson d’un soldat français à Niamey le 15 juillet 2022.

Aux cris de « Barkhane dehors », « À bas la France », « Vive Poutine et la Russie », les manifestants ont sillonné quelques rues de la capitale avant de tenir un meeting devant le siège de l’Assemblée nationale. Certains manifestants arboraient des drapeaux de la Russie et brandissaient des pancartes hostiles à la France et à Barkhane.

« Dégage l’armée française criminelle » ou « l’armée coloniale Barkhane doit partir », pouvait-on lire sur certaines pancartes dans cette manifestation autorisée par les autorités municipales de Niamey. Quelque 3.000 militaires français sont toujours déployés dans le Sahel – et notamment au Niger, un des principaux alliés de Paris  – après leur retrait total du Mali.

La force Barkhane avait été chassée par la junte au pouvoir au Mali depuis 2020, qui est soupçonnée de travailler avec le groupe paramilitaire russe Wagner. En avril, les députés nigériens avaient largement voté en faveur d’un texte autorisant le déploiement de forces étrangères sur le territoire, notamment françaises, pour combattre les jihadistes.

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« Il y a des slogans anti-français parce que nous exigeons le départ immédiat de la force Barkhane au Niger qui aliène notre souveraineté et qui est en train de déstabiliser le Sahel », a affirmé à l’AFP Seydou Abdoulaye, le coordonnateur du Mouvement M62 qui a organisé la manifestation.

Vêtu d’un tee-shirt à l’effigie de l’ex-Président révolutionnaire du Burkina Faso Thomas Sankara, il a accusé l’ancienne puissance coloniale, d’un « soutien actif » aux « jihadistes qui ont répandu le terrorisme à partir du Mali », voisin du Niger et du Burkina Faso.

Le mois dernier, le gouvernement malien avait accusé la France de soutenir des groupes jihadistes, des déclarations « insultantes » pour Paris. Ces derniers mois, plusieurs manifestations anti-françaises ont eu lieu au Sahel, notamment fin novembre 2021 lorsqu’un convoi militaire de Barkhane avait été bloqué et caillassé au Burkina Faso puis au Niger.

Trois manifestants avaient été tués à Téra, dans l’ouest du Niger, dans des tirs imputés par le gouvernement nigérien à ses forces ou aux forces françaises.

La manifestation de dimanche visait également à protester contre le coût de la vie au Niger où une récente hausse du gasoil a vite eu des répercussions sur les prix de certaines denrées. Selon des responsables du M62, une autre manifestation a eu lieu dimanche à Dosso, une ville du sud-ouest nigérien.

Le Niger doit faire face aux attaques régulières et meurtrières de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe État islamique au Sahel dans l’ouest et, dans le sud-est, à celles de Boko Haram et du groupe État islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap). Le pays abrite depuis des années plusieurs bases militaires étrangères, française et américaine notamment, dédiées à la lutte contre les jihadistes au Sahel.