Les Etats ouest-africains conviennent de donner une autre dimension à l’utilisation des engrais dans leurs sols

Afriquinfos Editeur
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Lomé (© 2023 Afriquinfos)- 17 pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel ont adopté ce 31 mai, la Déclaration sur les engrais et la santé des sols, à l’issue d’une rencontre de deux jours à Lomé, la capitale togolaise.  Ce nouveau texte devrait inciter les Etats concernés à tripler la consommation d’engrais d’ici à 2035,  pour doubler la productivité agricole.

Le texte approuvé en présence des présidents du Togo, du Niger et de Guinée-Bissau, ainsi qu’une vingtaine de ministres de la Cédéao et de la Banque mondiale, doit permettre de répondre au problème crucial de l’approvisionnement en fertilisants, dont dépend la production agricole. Et, de fait, la sécurité alimentaire des populations. A travers la déclaration de Lomé, les dirigeants vont chercher des solutions pour rendre les fertilisants plus accessibles et abordables, alors que la région – très dépendante des importations – en manque cruellement dans un contexte de crise alimentaire.

Le texte accorde entre-autre en effet une large place aux petits exploitants agricoles.

En Afrique de l’Ouest et au Sahel, l’engrais est désormais ‘’un produit stratégique sans frontières’’, ‘’ libre de circuler sans entraves’’. Les États s’engagent à ‘’éliminer progressivement les droits de douane et taxes sur les engrais’’. Une mesure qui concerne aussi  ‘’les autres matières premières fertilisantes’’. Concernant les importations, les formalités douanières et administratives vont être simplifiées, ce qui permettra de diminuer les coûts.

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Autres mesures immédiates annoncées : plus d’investissements dans les infrastructures portuaires, de stockages et de transport. Sur ce point, les 17 États signataires de la Déclaration de Lomé appellent à la conclusion de partenariats publics-privés avant fin 2025. L’objectif étant de dynamiser le commerce des engrais entre États de la région.

Le président togolais Faure Gnassingbé, l’hôte de la rencontre,  a appelé à l’intégration d’une vision communautaire pour trouver les meilleures solutions.  ‘’Il nous faut trouver un juste équilibre, une bonne stratégie, mais surtout, il nous faut être organisés et coordonnées. Comme l’illustre la feuille de route présentée ce jour, notre vision doit être sous régionale avant tout’’.

Une feuille de route dont Alain Sy Traoré, directeur de l’agriculture et du développement rural à la Cédéao, retient : ‘’ La première des choses, c’est la mobilisation, l’engagement politique. Les États sont prêts à s’engager pour gérer la question. Deuxièmement, renforcer les capacités institutionnelles et opérationnelles des acteurs dans la région. Troisièmement, appuyer et développer la production locale d’engrais, mais également des usines. ‘’

’La production céréalière en Afrique de l’Ouest et le sahel pour la campagne agropastorale 2021, évaluée à 73 millions de tonnes, est en hausse de 2,7% par rapport à la moyenne des cinq dernières campagnes, mais en baisse de 2,2% comparée à celle de l’année 2020. Elle est marquée par de fortes disparités entre les pays’’, a fait observer le président Mohamed Bazoum lors de son allocution.

Selon le dirigeant, la production des pays sahéliens a affiché une baisse de 11%. La production fourragère a été plus durement affectée dans certains pays du Sahel. C’est le cas du Niger qui avait enregistré un déficit de près de 54% des besoins fourragers de son cheptel.

La population totale affectée par le déficit céréalier de cette campagne a été évaluée à plus de 32 millions de personnes dans l’Union, et la campagne agricole 2022-2023, quant à elle, a enregistré une production céréalière de 77,6 millions de tonnes, soit une hausse de 8% par rapport à l’année dernière et de 6% comparée à la moyenne des cinq dernières années au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Les pays du Sahel ont connu un rebond de leur production, après la forte baisse observée en 2021, a-t-il en outre laissé entendre

De son côté, la Banque mondiale a annoncé 1,5 milliard de dollars supplémentaires dans le secteur de l’agriculture d’ici à 2024. Une somme qui vient s’ajouter aux 4 milliards déjà engagés et en cours de mise en œuvre.

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