Les déboires judiciaires de l’ex Président Aziz s’invitent en 2023

Afriquinfos Editeur
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Mauritania's President Mohamed Ould Abdel Aziz wait for the arrival of his French counterpart Emmanuel Macron at Nouakchott airport, Mauritania, Monday, July 2, 2018. Macron, making an exceptional appearance at an African Union summit, is expected to discuss hurdles facing a five-nation French-backed anti-terror unit, the "G5 Sahel" force. . (Ludovic Marin/Pool Photo via AP)

Nouakchott (© 2023 Afriquinfos)-  Alors qu’il s’apprêtait à prendre un vol pour Paris, l’ancien président  mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a été intercepté ce mercredi 4 janvier à l’aéroport de Nouakchott, par la gendarmerie, qui lui a confisqué son passeport. L’ex-dirigeant dénonce une mesure illégale.

« J’étais à l’aéroport pour voyager, mais j’ai été empêché par la police politique qui a dit avoir reçu des instructions en ce sens, alors que je ne suis pas soumis au contrôle judiciaire ni à aucune autre disposition pouvant m’interdire de voyager« , a-t-il assuré dans une vidéo partagée sur sa page Facebook.

« Il y a de cela deux jours seulement, une personne qui se trouvait sur la même liste que moi a pu voyager. Apparemment c’est un mauvais traitement que me réserve ce mauvais système de gabegie en place, qui mène le pays à la dérive« , a ajouté M. Ould Abdel Aziz.

Son passeport a également été confisqué mercredi, selon un responsable de la gendarmerie qui a requis l’anonymat. Plus tôt mercredi, le porte-parole du gouvernement Nany Ould Chrougha a déclaré à la presse que les agissements de l’ancien président visent à influencer la procédure judiciaire en cours.

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L’ex-chef d’Etat estime que les événements qui lui sont arrivés, constituent une sanction politique, sans fondement juridique :  » Une mesure de la police politique de la dictature de mon pays, c’est tout ! Moi, je ne suis ni en contrôle judiciaire, ni en résidence surveillée. J’attends d’être jugé, donc je ne peux pas comprendre. À partir du moment où je suis chez moi, je ne sais pas si je suis en liberté parce que je suis poursuivi, pourchassé. Et ces derniers temps, j’ai beaucoup bougé, j’ai fait beaucoup de bruit, pour être en paix avec la police, et il ne faut pas trop bouger, il ne faut pas trop parler, il ne faut pas critiquer le système. Malheureusement, depuis trois ans, on vit ce système, on vit cette dictature cynique et sournoise. « , a-t-il dénoncé.

La justice avait été saisie en août 2020 du rapport d’une commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur des faits présumés de corruption et de détournement de fonds publics pendant les plus de 10 années de pouvoir de M. Aziz.

La commission s’est penchée sur plusieurs aspects: gestion des revenus pétroliers, vente de domaines de l’Etat, liquidation d’une société publique assurant l’approvisionnement du pays en denrées alimentaires, activités d’une société chinoise de pêche… L’ex-président, qui crie au « règlement de comptes », a toujours refusé de parler au juge d’instruction. Il s’estime protégé par l’immunité que lui confère selon lui la Constitution.

Mohamed Ould Abdel Aziz doit être jugé dès le 25 janvier prochain, pour des faits de corruption durant ses 10 années au pouvoir. L’ancien chef de l’État qui a dirigé la Mauritanie de 2008 à 2019, avait été mis sous contrôle judiciaire en mars 2021, en même temps que plusieurs hautes personnalités, puis incarcéré, assigné ensuite à résidence pour des raisons de santé, et enfin, libéré en septembre, suite à la fin de son contrôle judiciaire. Il s’est déjà rendu à Paris durant deux mois, le trimestre dernier. Parmi ses co-inculpés figurent un de ses gendres, deux anciens Premiers ministres et plusieurs anciens ministres et hommes d’affaires.

V. A.