Le Burkina Faso regorge plus de réfugiés que la frontière grecque

Afriquinfos Editeur
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Ouagadougou (© 2020 Afriquinfos)-L’arrivée de nouveaux migrants inquiète l’UE. Elle redoute le scénario de 2015 lorsqu’un million de réfugiés ont gagné l’Europe. Pourtant, l’Europe accueille beaucoup moins de réfugiés que l’Afrique ou le Moyen-Orient.

En 2018, 25 personnes étaient forcées de fuir chaque minute, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR).

Le monde comptait un peu plus de vingt millions de réfugiés fin 2018. Mais seuls 16% d’entre eux se trouvent dans les pays riches. La plupart restent souvent en Afrique, car ils n’ont pas les moyens pour financer leur voyage vers l’Europe.

Au Burkina Faso, par exemple, 765.000 déplacés internes ont fui le nord du pays en raison des attaques djihadistes. « C’est une augmentation de 1.500% par rapport à janvier 2019 », évalue le porte-parole du HCR pour l’Afrique de l’ouest et du centre, Romain Desclous.

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A ceci s’ajoutent environ 30.000 réfugiés maliens et nigériens. Selon Romain Desclous, « le Burkina Faso accueille également des Maliens qui ont fui les violences au Mali. 25.000 maliens sont réfugiés au Burkina Faso. Et ces réfugiés, s’ils ont fui depuis 2012 et avaient trouvé accueil, protection et refuge au Burkina Faso, se retrouvent maintenant entourés par cette même insécurité qui fait fuir les Burkinabè. Et eux ne sont pas en mesure de pouvoir fuir ».

Ces 30.000 personnes représentent trois fois plus que les réfugiés qui se pressent en ce moment à la frontière entre la Grèce et la Turquie.

Si on considère les dix pays qui accueillent le plus de réfugiés dans le monde, on trouve trois pays africains. Il s’agit de l’Ouganda, du Soudan et de l’Ethiopie. Un seul pays européen apparait sur cette liste, l’Allemagne.

Avec 3,7 millions de réfugiés, la Turquie est de loin le premier pays au monde en valeur absolue. Le Liban est pour sa part le pays qui accueille le plus de réfugiés par rapport à sa population.

Selon Romain Desclous, si les réfugiés restent en Afrique ou au Moyen-Orient, c’est aussi parce qu’ils gardent l’espoir de rentrer un jour chez eux.

Il explique que »trois réfugiés sur quatre vont franchir la frontière du pays qu’il fuit pour trouver asile, protection et sécurité dans le pays voisin. L’endroit le plus proche, le plus sûr, c’est le pays voisin. Ces personnes ont souvent l’envie de rentrer chez elles dès que la situation le permet parce que leurs moyens de subsistance restent toujours dans le pays qu’ils ont fui, leur famille reste dans le pays qu’ils ont fui ».

140.000 réfugiés maliens ont fui par exemple les attaques djihadistes pour se retrouver en Mauritanie voisine, en attendant un retour de la sécurité dans leur pays.

Selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés, en 2018, près de trois millions de personnes déplacées sont rentrées dans leur pays d’origine. Il y avait parmi elles 600.000 réfugiés.

I.N.