Gossi, tournant dans la lutte de Barkhane contre les attaques informationnelles

Afriquinfos Editeur
4 Min de Lecture

Bamako (© 2022 Afriquinfos)- Entre Paris et Bamako, les relations n’ont jamais été aussi tendues. C’est à une guerre informationnelle que se livrent les deux parties à coups d’allégations et de contre allégations. En témoignent les récentes accusations sur des exactions et violation d’espace aérien portées par l’armée malienne. Et aussitôt démontées par l’Etat-major français.

La cession du camp de Gossi par la Force Barkhane aux Forces armées maliennes dans le cadre de son désengagement du Mali n’est pas de tout repos. Dans la foulée de cette opération en effet, des allégations d’exactions ont aussitôt surgi, supposément d’individus se réclamant de l’armée malienne. Des images de cadavres floutés enterrés dans le sable et d’un charnier ont été publiées avec pour commentaire : «C’est ce que les Français ont laissé derrière eux quand ils ont quitté la base à #Gossi (…) On peut pas garder le silence sur ça !».

Pour les autorités sécuritaires françaises, il ne s’agit ni plus ni moins que d’attaques informationnelles orchestrées contre les forces françaises présentes au Sahel. Pour démonter la machination, l’armée française a divulgué des images capturées avec des moyens aériens. Et sur ces images, on voit effectivement des individus filmer la scène publiée par la suite sur les réseaux sociaux!

Pour pouvoir filmer ces images, l’armée française a dû survoler le camp de Gossi suscitant ainsi des accusations de violation d’espace aérien. La junte militaire au pouvoir à Bamako a en outre accusé l’armée française, d’«espionnage» et de «subversion» après la diffusion desdites vidéos.

- Advertisement -

Là aussi, Paris réplique : «Quand on nous accuse de violation de l’espace aérien et de survol illégal de la zone de Gossi, le 19, le 20 et le 22 avril, on était dans notre bon droit puisque Gossi n’était pas dans la zone d’interdiction temporaire (ZIT) » de survol», a déclaré le porte-parole de l’état-major des armées, le colonel Pascal Ianni, lors d’un point de presse jeudi 28 avril dernier.

Tandis que les autorités de Bamako indiquent que l’armée française est sous le coup d’une interdiction temporaire de survol étendue à Gossi depuis le 27 avril, le Colonel Ianni évoque l’accord de stationnement des forces françaises au Mali. Accord conclu en mars 2013, et qui dispose que les armées françaises «disposent d’une totale liberté de circulation et d’action dans le cadre de la lutte contre les groupes armés terroristes». Avant de marteler : «Jusqu’à preuve du contraire, nous sommes encore au Mali contre les groupes armés terroristes».

La détérioration des relations entre Paris et Bamako est survenue suite au rapprochement de la junte au pouvoir avec le Groupe de mercenaires russes Wagner. Depuis, la partie malienne nie recourir à des mercenaires russes, mais la présence de ces derniers a été confirmée par des sources onusiennes qui leur attribuent de récentes exactions et violations des droits de l’Homme.

Afriquinfos