Accra (© 2018 Afriquinfos)- Au Ghana, le projet de construction d’une nouvelle cathédrale monumentale à Accra n’a pas toutes les bénédictions.
Nombreuses sont les voix qui s’opposent à un projet couteux imaginée par l’architecte ghanéo-britannique David Adjaye. Selon le concepteur du bâtiment, l’église doit être érigée sur un site de six hectares avec une capacité d’accueillir jusqu’à 5.000 fidèles.
Même si le Ghana est reconnu pour être l’un des pays les plus religieux au monde, cette construction est en décalage avec les préoccupations de la majorité des populations qui vivent dans la pauvreté, estiment des internautes.
Présenté comme « une maison de prière pour tous », le local pourra aussi servir à des cérémonies officielles, qui se tiennent d’ordinaire au Square de l’Indépendance ou dans la résidence du président de la république à Accra.
Selon Chika Okeke-Agulu, professeur d’histoire de l’art à l’université de Princeton aux Etats-Unis, cette cathédrale constituera un atout « énorme » pour l’image du Ghana, a-t-il déclaré dans une tribune publiée sur le New York Times en vue de défendre le projet.
La cathédrale « va inspirer d’ambitieux projets architecturaux à travers le continent, en utilisant les talents des artistes africains émergents », a-t-il dit.
Pour David Adjaye, c’était « un immense honneur d’avoir la possibilité de contribuer à quelque chose de cette ampleur » dans son pays d’origine, a affirmé l’architecte reconnu qui a été fait chevalier en Grande-Bretagne, après avoir dessiné le Musée national de l’histoire et de la culture afro-américaine à Washington.
« Des conneries »
Malgré que le coût du projet n’ait encore été dévoilé, de nombreux Ghanéens dénoncent des dépenses inutiles et une folie des grandeurs de leurs dirigeants sur les réseaux sociaux.
« Nous avons donc besoin de construire une cathédrale pour pouvoir nous vanter d’avoir réussi? Conneries », a asséné un internaute sur Twitter.
« Comment en sommes-nous arrivés au point où les gens préfèrent dépenser de l’argent dans l’apparence d’une église plutôt que pour les malades, les pauvres, les sans-abri et les gens de la communauté? », s’interrogeait un autre.
Toutefois, il est bien connu que la religion joue un rôle majeur dans le vécu quotidien des Ghanéens..
En 2012, l’institut de sondage WIN-Gallup International, qui avait conduit une enquête sur 57 pays, avait conclu que le Ghana était le pays le plus croyant d’entre eux, avec 96% de pratiquants et 0% de gens identifiés comme athées.
Le dernier recensement effectué au Ghana en 2010, pays où cohabitent paisiblement des églises, des mosquées, des temples animistes ou encore des prédicateurs de rue, 71,2% des 23,6 millions d’habitants de ce pays d’Afrique de l’Ouest sont chrétiens et 17,6% musulmans.
Pour la mise en œuvre du projet, le président ghanéen Nana Akufo-Addo a établi un comité exécutif composé de 13 leaders religieux pour lever les fonds.
Outre cela, Accra a également offert le terrain où sera bâtie la nouvelle cathédrale insistant sur le fait qu’aucun financement public n’a été engagé pour le projet-ci.
Il faut préciser qu’au Ghana, la laïcité est consacrée par la Constitution.
Innocente Nice
