Coronavirus: retour à l’école reporté à la dernière minute au Sénégal

Afriquinfos
5 Min de Lecture
Report du retour à l'école au Sénégal

Report du retour à l’école au Sénégal | Les autorités sénégalaises ont décidé de reporter le retour à l’école quelques heures seulement avant l’échéance prévue mardi matin pour des centaines de milliers d’élèves.

Les classes sont suspendues depuis mars en raison de la pandémie de coronavirus.

La reprise est repoussée jusqu’à « une date ultérieure », a indiqué le ministère de l’Education nationale dans un communiqué publié en pleine nuit, sans préciser de nouvelle date. Le ministère invoque la découverte de la contamination de dix enseignants en Casamance (sud).

Un certain nombre de parents alertés par le journal télé de la nuit ont pu partager l’information sur les réseaux sociaux. Mais des enfants ont appris la nouvelle une fois sur place. Certains, scolarisés loin de chez eux, avaient rejoint par avance leur école.

- Advertisement -

« Je viens de libérer les élèves. Ils étaient venus en nombre pour reprendre les cours. Ici, beaucoup n’étaient pas informés de la mesure », a dit à l’AFP Mamadou Falilou Ba, directeur d’école primaire à Niassène (centre ouest).

La reprise concernait les élèves des classes dites d’examen (CM2, troisième, terminale).

De nombreuses voix d’enseignants, de parents, d’élèves, s’étaient élevées devant les conditions dans lesquelles s’annonçait la reprise et les risques sanitaires qu’elle posait dans ce pays pauvre.

Les écoles catholiques de Dakar avaient annoncé lundi qu’elles rouvriraient, mais sans les élèves. Elles disaient dans un communiqué « ne pas être prêtes à recevoir les élèves » et refusaient de « mettre la vie des élèves, des personnels et de leurs familles en danger ».

Les catholiques représentent environ 5% de la population très majoritairement musulmane.

Le Sénégal a déclaré officiellement plus de 3.800 cas de contamination et 43 décès. La pandémie y est relativement contenue comme dans la plupart des pays africains. Mais elle continue à progresser et l’inquiétude demeure quant à la faculté du système sanitaire à supporter une vaste contagion.

Et le couvre-feu ?

A contrario, la pression va grandissant pour un allègement des restrictions en raison de leur impact sévère sur l’économie dans un pays où environ 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale.

Ce sont 550.000 élèves sur un total de 3,5 millions qui devaient retourner en classe mardi.

Au cours des dernières semaines, les médias ont diffusé des images de personnel procédant au nettoyage des classes. Mais les réseaux sociaux ont aussi abondamment fait circuler les images de foules d’enseignants et d’élèves rassemblés sans distanciation sur les parkings de Dakar où des cars devaient les ramener sur leur lieu de travail et de scolarisation.

Les mêmes réseaux ont répercuté le dénuement de certaines écoles, en particulier dans les localités de l’intérieur avec un accès limité à l’eau courante et peu ou pas de sanitaires en état de marche. Des internautes ont publié des listes du matériel (masques, savon, détergent) qui avait été fourni à certaines écoles pour signifier, selon eux, l’indigence de la dotation.

Les syndicats d’enseignants ont redit mardi que les conditions d’une reprise n’étaient pas réunies. Certains ont mis en doute que la contamination de dix enseignants soit la véritable cause du report.

Partout dans le pays, les gens ont constaté « que les masques n’étaient pas en nombre suffisant, qu’il n’y avait pas assez de thermoflash, quil n’y avait pas une possibilité pour beaucoup d’établissements de respecter la distanciation physique », a dit dans la presse Dame Mbodj, secrétaire général du Cusems Authentique, qui a réclamé la démission du ministre de l’Education Mamadou Talla.

Aucune indication n’a été fournie quant à une éventuelle reprise. L’arrivée prochaine de la saison des pluies, gros obstacle à la circulation, et la présence nécessaire de certains enfants dans les champs en cette période dans un pays très rural risquent de compliquer encore l’année scolaire.

Depuis le 1er cas de contagion le 2 mars, les autorités sénégalaises ont pris des mesures vigoureuses contre le coronavirus. Le président vient de prolonger jusqu’à fin juin l’état d’urgence permettant des mesures exceptionnelles qui touchent notamment à la circulation des personnes.

Une décision est attendue dans les prochains jours sur le maintien de ces mesures, en particulier du couvre-feu nocturne et de l’interdiction de circuler entre les régions.