Bavures policières au Nigeria : Des stars nigérianes du showbiz joignent leurs voix aux vives dénonciations

Afriquinfos Editeur
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Abuja (© 2020 Afriquinfos)- La résurgence de violences policières au Nigeria n’a pas laissé indifférentes plusieurs stars de la musique du pays le plus peuplé d’Afrique. Elles ont ainsi tiré la sonnette d’alarme auprès des autorités du pays de M. Buhari. 

La superstar de l’afropop Wizkid a interpellé le président Muhammadu Buhari sur Twitter. «Old man ! La police continue de tuer les jeunes nigérians tous les jours», a-t-il écrit sur son compte officiel. Avant d’ajouter : «Faites quelque chose» !

Le hashtag «#EndSARS» a ensuite très vite été repris par d’autres célébrités nigérianes qui ont parfois partagé leurs propres expériences face aux hommes d’une unité anti-braquage. Pour sa part, le chanteur Naira Marley a même appelé à une manifestation à Lagos (capitale économique du Nigeria). Une manifestation qui s’est transformée en un passionné débat en ligne autour de ces bavures de trop.

La SARS (Brigade de répression criminelle) a été pointée du doigt dans un rapport publié le 26 juin dernier par Amnesty International à Abuja. L’ONG a documenté au moins 82 cas de torture, de mauvais traitements et d’exécutions extrajudiciaires par la SARS entre janvier 2017 et mai 2020. Les victimes sont majoritairement des jeunes âgés de 18 à 35 ans, précise le document. Sur les réseaux sociaux, les internautes exigent entre autres le démantèlement pur et simple de cette unité spéciale aux méthodes controversée. Des vidéos et témoignages dénonçant les abus de ses officiers y sont publiés.

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Cette tension intervient alors que les autorités annoncent une réforme de l’unité spéciale de la police fédérale chargée de lutter contre les braquages et les vols à main armée.Le gouverneur de la ville promet dans le même sens une «action approprié et rapide» pour assurer la sécurité des citoyens face à la police. Mais selon certains éditorialistes nigérians, inutile de s’attendre à des résultats positifs, parce que, précisent-t-ils, «les précédentes tentatives de réforme de l’unité spéciale n’ont jamais abouti».

  Les forces spéciales de la police rappelées à l’ordre 

La population et les défenseurs des droits de l’Homme accusent généralement la Brigade spéciale anti-braquages –SARS– pour ses dérives. Le week-end dernier, le chef de la police a indiqué que les officiers de cette escouade ne pourraient plus procéder à des contrôles d’identité ou des contrôles routiers. Ils ont été plutôt appelés à lutter contre la grande criminalité.

Le chef de la police, l’inspecteur général Muhammed Adamu a indiqué que ces forces fédérales, en particulier celle chargée de la lutte contre les braquages, n’ont pas à «mener des contrôles de routine, ni d’autres missions conventionnelles à bas risques», telles que les barrages routiers et les fouilles de véhicules.

M. Asamu a en outre mis en garde les unités «contre les atteintes à la vie privée, en particulier l’intrusion non autorisée dans les données des téléphones mobiles, ordinateurs portables».

Il a appelé pour ce faire ces unités à se concentrer sur les attaques à main armée, les enlèvements et tous les autres nombreux crimes violents commis au Nigeria. Et d’annoncer l’arrestation de deux policiers de la SARS et leurs complices civils, accusés d’extorsion.

Les unités spéciales au Nigeria, en particulier la SARS pourtant réorganisée en 2017, sont régulièrement accusées d’arrestations illégales, de torture et même de meurtre.Des organisations nationales et internationales de défense des droits de l’homme, dont Amnesty International, demandent depuis longtemps la dissolution de ces unités.

Innocente Nice