Afrique de l’Ouest : Alioune Tine propose une «réponse régionale» pour endiguer les crises politiques

Afriquinfos Editeur
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Conakry (© 2020 Afriquinfos)- Au regard de la situation qui y prévaut ces dernières années en matière sécuritaire, l’Afrique de l’Ouest a dû être classée «zone sensible» par les tours opérateurs. La succession d’élections en cette fin d’année 2020 dans certains pays de la région et son lot de tensions avant, pendant et après les scrutins, ne devrait pas arranger les choses. Pour Alioune Tine, fondateur du Think Thank ’’Afrikajom Center’’, une «réponse régionale» doit être apportée à ce qu’il considère comme une «crise régionale de la démocratie, du suffrage universel, de la gouvernance et de la sécurité».  

Depuis des décennies, les semaines précédant et celles suivant les processus électoraux en Afrique de l’Ouest ne sont pas de tout repos. La contestation du Code électoral lui-même, les invectives entre pouvoir et opposition tout le long du processus, la contestation des résultats de ces élections et le recours à la violence et à la répression avec des pertes en vies humaines, etc. semblent désormais constituer le cheminement de la plupart des élections dans cette région. Les tensions qui prévalent actuellement en Côte d’Ivoire et en Guinée donnent foi à cette assertion.

Il est donc temps de trouver une solution collective à ce mal. C’est le message que veut faire passer Alioune Tine, expert indépendant des Nations Unies pour le Mali. Le fondateur du Think tank ’’Afrikajom Center’ estime que «la crise de la démocratie, du suffrage universel, de la gouvernance et de la sécurité est régionale et c’est par une réponse régionale au sein de la CEDEAO, qu’une solution appropriée et durable pourra être trouvée».

Pour cela, selon l’expert, la tenue d’un sommet extraordinaire s’avère nécessaire. Il en appelle à cet effet à la mobilisation de l’opinion africaine et internationale pour «mettre une forte pression sur la CEDEAO et les leaders politiques africains».

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Cette rencontre permettra de déceler les causes profondes de la crise et «proposer des remèdes appropriés aux pathologies et dysfonctionnements de la démocratie et des élections qui sont une menace pour la stabilité régionale». Alioune Tine appelle aussi à porter à cette occasion un diagnostic sans complaisance sur la Commission de la CEDEAO qui selon lui, a échoué «dans la prévention, la gestion et la résolution des crises, particulièrement les crises de la démocratie et des élections». L’observation des élections «qui tourne à vide et est incapable de jouer quel que rôle que ce soit dans le cadre de crises graves des élections et des droits humains comme celles de la Côte d’Ivoire et de la République de Guinée», doit elle aussi être repensée, souligne le penseur.

Un mal transversal, des solutions possibles

L’ancien Président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (RADDHO) a en outre recommandé la création d’une Commission d’enquête internationale sur «les violations graves des droits de l’Homme en Côte d’Ivoire et en République de Guinée». A ses yeux, ’’l’impunité de certains auteurs de violations graves de droits de l’Homme en Guinée (événements du 28 septembre 2009) et en Côte d’Ivoire (événements post-électoraux de 2010) explique la récidive de ces mêmes violations en ce moment dans ces pays».

Pour finir, afin d’en arriver à des élections crédibles et acceptées par tous, il faudrait selon Alioune Tine des Commissions électorales plus fortes. Cela passera par le renforcement de  l’indépendance structurelle, juridique et financière de ces organes de régulation et d’arbitrage nationaux, régionaux et internationaux qui font l’objet de contestations et de discrédit de la part de certains acteurs politiques et de la société civile pour leur manque d’impartialité et leurs dysfonctionnements.

Boniface T.