Pourparlers entre Somalie et Somaliland qui défend son droit à l’indépendance

Afriquinfos
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Le leader de la république autoproclamée du Somaliland, née de la sécession d’avec Mogadiscio en 1991, a défendu dimanche son droit à l’indépendance lors d’une rencontre avec les dirigeants de la Somalie à Djibouti.

« Le Somaliland reste engagé à une coexistence pacifique avec la Somalie », a déclaré dans son discours le président de la république autoproclamée Musa Bihi. « Cependant », a-t-il ajouté, « le Somaliland insiste pour que le dialogue soit (sur la base) d’un processus à deux Etats avec un agenda substantiel qui réponde aux problèmes profonds du conflit ».

« Nous proposons cordialement qu’un mécanisme de médiation sérieux et un garant soit mis en place pour ces nouveaux pourparlers », a-t-il ajouté. Un précédent dialogue entre les deux rivaux avait échoué en 2015.

De son côté, le président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed, dit « Farmajo », a affirmé être « engagé à faire tous les efforts pour parvenir à des pourparlers fructueux avec le Somaliland », selon un communiqué de son porte-parole Abdinur Mohamed Ahmed.

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Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a participé à la rencontre, présidée par le président djiboutien Ismail Omar Guelleh.

« Nous savons que tous les problèmes ne seront pas réglés ici aujourd’hui, mais nous devons aussi nous rappeler qu’être simplement ouvert à la discussion et vouloir rapprocher les hommes et les femmes que l’on dirige est l’objectif ultime », a déclaré le chef de l’Etat djiboutien.

Avant la rencontre, le ministère des Affaires étrangères du Somaliland avait indiqué sur Twitter que ces discussions seraient l’occasion « de montrer au monde que le Somaliland a le droit à sa souveraineté ».

Cette rencontre entre « Farmajo » et Musa Bihi était la première depuis une rencontre informelle en février sous l’égide de M. Abiy, en marge du Sommet de l’Union africaine à Addis Abeba.

Ancien protectorat britannique, le Somaliland avait fusionné quelques jours après son indépendance en 1960 avec l’ex-Somalie italienne, tout juste indépendante elle aussi, pour former la République de Somalie.

Un Somaliland stable et en paix

En 1991, à la chute de la dictature de Siad Barre à Mogadiscio, le Somaliland a déclaré de façon unilatérale son indépendance, qu’il n’est pas parvenu à faire reconnaître au niveau international.

Alors que l’Etat s’effondrait en Somalie et que le pays a plongé depuis dans le chaos et la violence des milices armées ou des islamistes shebab, le Somaliland, bien qu’extrêmement pauvre, a connu la paix et la stabilité.

« La question de la souveraineté du Somaliland est, bien entendu, au centre des tensions entre Mogadiscio et Hargeisa », capitale du Somaliland, écrivait en 2019 le centre de réflexion International Crisis Group (ICG).

« Au cours de précédents cycles de pourparlers, entre 2012 et 2015, les deux parties ont progressé sur les sujets pratiques de coopération (…) mais n’ont pu combler le fossé sur la question fondamentale du statut du Somaliland », poursuivaient les experts d’ICG.

Ces pourparlers ont tourné court en 2015 et les relations se sont détériorées, notamment en 2018, quand l’opérateur portuaire émirati DP World a cédé à l’Ethiopie 19% de ses parts dans la coentreprise avec les autorités du Somaliland, chargée de gérer le port stratégique de Berbera. Un accord tripartite perçu par la Somalie comme une violation de sa souveraineté.

Cette même année, le Somaliland, arguant qu’il est un Etat séparé, avait décidé de tamponner d’un visa les passeports des Somaliens entrant sur son territoire. Les autorités somaliennes de leur côté avaient confisqué les passeports porteurs de ce visa.

En 2019, la Somalie avait protesté auprès du Kenya, après que Nairobi ait qualifié le Somaliland de « pays ».

M. Abiy a reçu l’an dernier le Prix Nobel de la Paix pour ses efforts avec l’Erythrée voisine.