Afrique de l’est: la sécheresse fait grimper considérablement les prix des produits alimentaires

Afriquinfos
5 Min de Lecture

Rome (© 2017 Afriquinfos) –La sécheresse qui sévit en Afrique de l’est a fortement contribué à faire baisser les récoltes et à faire grimper les prix des produits alimentaires pour atteindre des niveaux inhabituellement élevés, une situation qui pèse lourdement sur les ménages.

Selon le dernier Bulletin de suivi et d’analyse des prix alimentaires (FPMA), dans plusieurs régions d’Éthiopie, du Kenya, de Somalie, du Soudan du Sud, d’Ouganda ou encore de Tanzanie, les prix du maïs, du sorgho et d’autres céréales sont sur le point d’atteindre ou ont déjà atteint un niveau record.

Des pluies insuffisantes dans la plupart des zones de la sous-région ont fortement pesé sur le bétail et les éleveurs. Un bétail en mauvaise santé (en raison des pénuries d’eau et de pâturages) et des abattages forcés, signifient que les animaux seront vendus à des prix plus bas, laissant les éleveurs se débrouiller avec des revenus plus faibles pour acheter des produits alimentaires de base.

«La forte hausse des prix restreint de manière importante l’accès aux produits alimentaires pour de nombreux ménages, en ayant notamment des conséquences alarmantes en termes d’insécurité alimentaire», a déclaré M. Mario Zappacosta, Economiste en chef à la FAO et Coordinateur du Système mondial d’information et d’alerte rapide.

- Advertisement -

En Afrique de l’est, où les prix des céréales de base ont doublé dans certains marchés urbains, les tendances contrastent vivement avec la stabilité de l’Indice FAO des prix des produits alimentaires, qui mesure la variation mensuelle des principales denrées alimentaires sur les marchés internationaux.

Cette différence s’explique par la sécheresse qui sévit dans la sous-région, où les stocks alimentaires ont été affaiblis par le passage du phénomène climatique El Niño qui a pris fin l’année dernière. Des pluies faibles et irrégulières ces derniers mois, qui étaient essentielles pour les saisons de croissance au niveau local, compromettent maintenant la production agricole, tandis que selon certaines estimations, les récoltes de maïs et de sorgho en Somalie devraient connaître une baisse de 75 pour cent par rapport à leur niveau habituel. Près de 6,2 millions de personnes (soit plus de la moitié de la population somalienne) sont actuellement confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, avec une majorité d’entre elles vivant en zones rurales.

Des prix en hausse               

A Mogadiscio, les prix du maïs ont augmenté de 23 pour cent en janvier. La hausse était d’ailleurs encore plus nette dans la principale région productrice de maïs, à Shabeellaha Hoose. De manière générale, dans les petites villes clés du centre et du sud de la Somalie, les prix des céréales secondaires ont doublé en janvier, par rapport à l’année dernière.

Les stocks de nourriture des ménages qui se sont épuisés plus tôt que prévu pendant la période de soudure, ainsi que des prévisions météorologiques défavorables et inquiétantes pour la prochaine saison des pluies devraient vraisemblablement avoir pour effet de faire grimper les prix d’ici les prochains mois.

Les prix du maïs à Arusha, en République unie de Tanzanie, ont quasiment doublé depuis début 2016, affichant un taux 25 fois plus élevé que l’année dernière à la même période, dans la plus grande ville du pays, Dar Es Salaam.

Au Soudan du Sud, les prix des produits alimentaires ont maintenant atteint un niveau deux à quatre fois plus élevé que celui de l’année dernière, une hausse exacerbée par la persistance de l’insécurité dans le pays et une dépréciation importante de la monnaie locale.

Au Kenya, où les basses terres côtières, les plaines de l’est et certaines zones situées à l’ouest de la Vallée du Rift ont toutes souffert de précipitions inférieures à la moyenne, les prix du maïs ont augmenté de près de 30 pour cent, avec parfois une hausse relativement faible qui s’explique par la régularité des importations en provenance d’Ouganda.

Les prix des céréales ne sont pas les seuls à avoir augmenté. Au Kenya, le prix des haricots a augmenté de 40 pour cent en un an, tandis qu’en Ouganda, où les prix du maïs ont augmenté de 75 pour cent par rapport à l’année dernière et continuent d’augmenter dans la zone commerciale et frontalière de Busia, les prix des haricots ont connu une hausse de 25 pour cent en un an dans la capitale, Kampala.

Innocente Nice