Les enjeux de la conférence climatique de Durban (ANALYSE)

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UNE ROUTE SEMEE D'EMBUCHES

Il y a déjà plusieurs années que les négociations liées au Protocole de Kyoto connaissent toutes sortes de difficultés.

Après le retrait des Etats-Unis du Protocole, les pays signataires ont en 2007 adopté la "Feuille de route de Bali", un document définissant la marche à suivre pour tenter de parvenir à un accord légalement contraignant.

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En dépit de la feuille de route, les négociations de la Conférence de Copenhague (COP16) de 2009 n'ont malheureusement pas permis de parvenir à un accord légalement contraignant. Néanmoins, les parties en présence se sont entendues pour émettre une déclaration d'intention, indépendante du Protocole de Kyoto, surnommée "Accord de Copenhague".

Selon les termes de cet "accord", les pays industrialisés et émergents s'engagent à soutenir financièrement les pays en développement dans leurs efforts d'adaptation aux dérèglements climatiques, en versant 30 milliards de dollars à un "Fonds vert pour le climat" d'ici 2012. L'objectif est de parvenir avant 2020 à 100 milliards de dollars d'aide annuelle aux pays en développement.

La Conférence de Cancun (COP16) en 2010 a fait un pas de plus dans cette direction, permettant de transformer la déclaration d'intention de Copenhague en un véritable accord international sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, même s'il ne s'agit toujours pas d'un traité légalement contraignant.

Dans cet accord phare, les pays les plus industrialisés et certains pays émergents s'engagent à "tenter de réduire leurs émissions", et se fixent comme objectif à long terme de limiter le réchauffement planétaire à 2 degrés Celsius ; ils s'engagent également à finaliser la création du Fonds vert pour le climat, dont les bases avaient été posées à Copenhague.

LES PROBLEMES SUBSISTENT

De Bali à Cancun, des progrès ont certes été accomplis. Malgré tout, la Conférence de Cancun n'a pas réussi à régler définitivement les questions les plus épineuses, notamment concernant la réduction effective des émissions des pays industrialisés et l'aide financière aux pays en développement.

En effet, le retrait des Etats-Unis du Protocole de Kyoto continue à rendre bancales les résolutions prises au cours des conférences climatiques successives. D'autres pays développés ont, malgré leur adhésion au Protocole, revu à la baisse leurs objectifs en matière de réduction des émissions, ou les ont tout simplement abandonnés, les accords signés n'étant de toute manière pas légalement contraignants. En 2010, le Japon est même allé jusqu'à déclarer abruptement qu'il ne donnerait pas son accord à la reconduction du Protocole de Kyoto, dont la première période d'engagement expire en 2012.

En outre, les engagements pris en matière de soutien financier se sont très largement limités à des déclarations d'intention, et peu de gestes concrets ont été faits depuis la conférence de Cancun.

UNE VERITABLE EGALITE RESTE INDISPENSABLE

La conférence de Durban permettra-t-elle de faire de réels progrès sur ces deux dossiers ? Au vu des propos tenus par certains responsables de pays développés, il est possible d'être pessimiste.

Todd D. Stern, l'envoyé spécial américain sur les questions climatiques, a déclaré mardi que les Etats-Unis ne reviendraient pas sur leur décision de se retirer du Protocole de Kyoto.

Le ministre japonais de l'Environnement, Hosono Goshi, a réitéré l'opposition du Japon à la reconduction du Protocole.

L'Union européenne a quant à elle soutenu l'idée d'une reconduction du Protocole, mais seulement à "certaines conditions".

Les pays industrialisés ont déjà souvent joué la carte de "l'égalité" pour fuir leurs responsabilités, exigeant chacun que les autres pays émetteurs de gaz à effet de serre réduisent d'abord leurs émissions avant de s'y conformer à leur tour, sans tenir compte du fait que les responsabilités en matière d'émissions, si elles sont communes à tous, n'en doivent pas moins être différenciées selon niveau de développement des pays concernés.

Avec la menace qui pèse sur la reconduction du Protocole de Kyoto, c'est la crédibilité de la CCNUCC et des négociations climatiques en général qui sont en jeu.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon ne s'y est pas trompé, déclarant au début du mois que la Conférence de Durban devait absolument trouver le moyen de faire appliquer les résolutions prises à Cancun.