Les délestages sauvages saignent le fisc de la 1ère puissance industrielle d’Afrique

Afriquinfos Editeur
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Johannesburg (© 2023 Afriquinfos) – Les délestages qui s’enchaînent en Afrique du Sud depuis le début de l’année ont des conséquences désastreuses sur l’économie locale. Le pays a perdu 60 milliards de rands (plus de 3 milliards de dollars) de revenus fiscaux en 2022.

D’après  le Service des impôts sud-africain (SARS) qui a donné l’information ce mardi 4 avril 2023, «le montant total des revenus collectés au cours de l’exercice 2022/23 était de 1,69 billion de rands, contre 2 billions de rands une année auparavant».

Depuis l’hiver dernier, la crise de l’électricité en Afrique du Sud a atteint une dimension sans précédent, l’approvisionnement du réseau national n’ayant cessé de se détériorer, suscitant colère et indignation dans un pays considéré comme l’un des plus industrialisés d’Afrique.

S’exprimant lors d’un point de presse, le Commissaire du Sars, Edward Kieswetter, a indiqué que les résultats négatifs enregistrés cette année par le SARS sont attribués à la perte de plus de 3.000 heures du temps de production des entreprises au cours de l’année dernière, soit le chiffre le plus élevé depuis cinq ans.

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Les activités commerciales et les bénéfices des entreprises ont également enregistré des baisses massives,  a-t-il affirmé, expliquant que «la TVA est la taxe la plus sensible aux délestages électriques en raison de la baisse des ventes, suivie par l’impôt sur les sociétés».

Par ailleurs, le responsable a signalé que les répercussions de la crise de l’électricité sur les revenus fiscaux sont difficiles à cerner, car certains d’entre elles ne se manifestent qu’après une certaine période.

Le Fonds monétaire international (FMI) a récemment indiqué que la croissance du pays devrait ralentir fortement à 0,1% en 2023, notamment en raison de l’augmentation significative de l’intensité des coupures d’électricité.

Le produit intérieur brut sud-africain s’est contracté de 1,3 % au cours du 4ème trimestre de 2022, ce qui laisse entrevoir la possibilité que l’économie sud-africaine entre en récession technique alors que les coupures de courant se sont poursuivies durant le premier trimestre de cette année.

L’année 2022 avait déjà connu un nombre record de coupures. 2023 commence sur la même lancée, avec le niveau 6 de délestages régulièrement atteint, soit un déficit de 6.000 mégawatts. Centenaire cette année, Eskom, qui fournit près de 90% de l’électricité du pays, ne parvient plus à répondre à la demande, minée par des années de corruption, de mauvaise gestion et de sabotage.

Une crise difficile à résoudre à court terme : la décision récente du gouvernement de miser sur un plan énergétique de transition ne pourra pas porter ses fruits avant plusieurs années. Outre l’impact négatif important sur l’économie,  ces délestages ont également eu des conséquences au sein des services de santé, ainsi que sur le bien-être psychosocial de nombreux individus.

L’Afrique du Sud est la deuxième plus grosse puissance économique d’Afrique en termes de PIB, cependant le pays est considéré comme le plus industrialisé, eavec les technologies les plus avancées du continent.

Vignikpo Akpéné