Disparition de l’infatigable avocat George Bizos: l’Afrique du Sud et Ramaphosa célèbrent un « esprit incisif »

Afriquinfos Editeur
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George BIZOS

Pretoria (© 2020 Afriquinfos)- L’infatigable militant des droits de l’Homme a toujours revêtu sa robe pour défendre les familles des victimes des pires massacres commis par le régime l’apartheid. Il s’est ensuite investi dans l’élaboration de la nouvelle Constitution démocratique du pays.

L’avocat sud-africain George Bizos, qui avait défendu l’icône de la lutte anti-apartheid Nelson Mandela et était devenu son ami après lui avoir permis d’échapper à la peine de mort, est mort mercredi dernier à l’âge de 92 ans, a annoncé le président Cyril Ramphosa tout en lui rendant hommage. « Je viens juste d’apprendre que +l’aigle des prétoires+ de notre pays, George Bizos, est décédé », a déclaré le président sud-africain mercredi soir à des journalistes, saluant notamment son « esprit incisif ». « C’est une nouvelle très triste pour notre pays », a-t-il ajouté. « George Bizos était l’un des avocats qui a énormément contribué à l’accomplissement de notre démocratie », a encore salué M. Ramaphosa.

 Carrière professionnelle et militantisme politique

George Bizos est un avocat sud-africain d’origine grecque. Compagnon de route de l’ANC (Congrès national africain), il a milité contre l’apartheid. Né le 14 novembre 1928, George Bizos et son père fuient la Grèce lors de la 2ème guerre mondiale et débarquent en train à Johannesburg en Afrique du Sud. Il a intégré la faculté de droit de l’Université du Witwatersrand en 1949. Il déclare être devenu politiquement engagé à partir de ce moment, notamment au sein des syndicats étudiants, tandis que le parti au pouvoir sud-africain commence à mettre en œuvre la politique d’apartheid en Afrique du Sud.

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Durant les années 1950 et 1960, il fut l’avocat d’un grand nombre de personnalités. Lors du procès de Rivonia, en 1963-1964, il faisait partie de l’équipe qui défendit Nelson Mandela, Govan Mbeki et Walter Sisulu, des militants du Congrès national africain, accusés de haute trahison. Ces célèbres accusés échappèrent à la peine de mort, mais furent condamnés à la prison à vie.

 Membre du Conseil national des avocats pour les droits de l’Homme

Membre éminent du barreau de Johannesburg, il est aussi membre du Conseil national des avocats pour les droits de l’Homme, qu’il a contribué à fonder en 1979. Il est avocat-conseil au Centre de ressources juridiques de Johannesburg dans le contentieux ‘Unité constitutionnelle’. Il aura aussi siégé en tant que juge à la Cour d’appel du Botswana de 1985 à 1993.

Durant des années, il a en outre été l’avocat de Winnie Madikizela-Mandela. Il l’a défend notamment quand elle fait face, avec ses gardes du corps, à des accusations d’enlèvement et de meurtre à son domicile. En 1986, il est l’émissaire confidentiel de Nelson Mandela chargé d’informer les membres exilés de l’ANC que des négociations secrètes ont été entamées avec des émissaires du Gouvernement sud-africain.

En 1990, Bizos devint membre du Comité juridique et constitutionnel du Congrès national africain et membre de la Convention pour une Afrique du Sud démocratique (CODESA), au sein de laquelle il est conseiller auprès des équipes de négociation, et participe à l’élaboration de la Constitution intérimaire de 1993.

Conseiller juridique de Nelson Mandela

George Bizos participera à la rédaction du projet de loi sur la Vérité et la réconciliation, et à la rédaction des amendements à la loi sur les procédures pénales, garantissant les droits humains fondamentaux à tous les citoyens sud-africains. Il a été nommé par le président Nelson Mandela à la Commission des services judiciaires qui avait pour but de recommander des candidats pour la nomination des juges, et proposer des réformes du système judiciaire en vue d’effacer l’héritage législatif de l’apartheid.

Bizos aura été le leader de l’équipe pour le gouvernement sud-africain, et l’avocat de l’Assemblée nationale dans la certification de la Constitution par la Cour constitutionnelle. En 2003, il est dans un autre contexte l’avocat de Morgan Tsvangirai, le regretté chef du principal parti d’opposition du Zimbabwe, qu’il parvient à faire acquitter des accusations de trahison contre le président Robert Mugabe. En 2005, George Bizos a également été conseiller juridique de Nelson Mandela dans un litige avec l’ancien avocat de Nelson Mandela, Ismail Ayob.

 

Innocente Nice et Akpene Vignikpo