La Confédération des syndicats des grands corps de l'Etat (CSGCE) regroupant entre autres les enseignants-chercheurs, les magistrats, les administrateurs-civils, les inspecteurs d'Etat, les médecins diplômés d'Etat, les inspecteurs des Impôts, les agents diplomatiques et consulaires, va rallier et appuyer le Syndicat des magistrats de Madagascar (SMM) dans leurs revendications.
En effet, depuis le 10 décembre dernier, le SMM a fermé toutes les juridictions dans toute la grande île pour réclamer la démission sinon le limogeage du ministre de la Sécurité intérieure, Arsène Rakotondrazaka ainsi que le limogeage de tous les responsables de la police nationale de Tuléar, au sud de la grande île, suite au meurtre par des policiers du premier substitut du procureur de Tuléar, Michel Rehavana.
Le CSGCE demande par ailleurs, à ce que l'Etat prenne ses responsabilités dans l'observation des droits et statuts des hauts fonctionnaires, l'instauration d'un véritable état de droit et l'assurance de la sécurité des fonctionnaires dans l'exercice de leur fonctions.
D'après le président du SMM, Auguste Marius Arnaud, cette grève ne s'arrêtera pas et aucun service minimum ne sera assuré, si leurs revendications ne sont pas réalisées par l'autorité compétente et si les meurtriers ne sont pas inquiétés.
De son côté, le CSGCE se sont dits de fermer les portes sur tout le territoire national jeudi, par solidarité entre grands corps de l'Etat. Un service minimum est quand même maintenu dans les hôpitaux et maternités publics.
Le 12 décembre dernier, la ministre de la Justice de la transition, Christine Razanamahasoa, a déjà déclaré avoir procédé au limogeage du directeur régional de la sécurité publique et celui du commissaire central de Tuléar.
Mercredi soir, douze policiers impliqués dans l'affaire du meurtre du magistrat, ont déjà fait l'objet d'un transfert à Antananarivo, et feront l'objet, dans un premier temps, d'une mesure disciplinaire d'arrêt de rigueur en attendant l'arrivée dans la capitale du dossier pénal les concernant, a-t-on indiqué dans le communiqué du gouvernement reçu jeudi matin.
En réaction à cette menace de grève générale, le Premier ministre, Omer Beriziky, fait part au SMM et au CSGCE que "le droit de grève est reconnu par la Constitution et les textes règlementaires en vigueur mais, comme le traitement judiciaire de l'affaire de Toliara connaît actuellement une grande avancée répondant aux exigences de l'état de droit et comme le moment est à la célébration de la Nativité et à celle du Nouvel An, le Peuple Malagasy a droit à la sérénité et à la paix sociales".
Il a ainsi lancé un appel solennel au sens de responsabilité des dirigeants de ces deux Syndicats pour cesser leurs mouvements de grève, au nom de l'intérieur supérieur de la Nation.
Rappelons que le 9 décembre dernier, Michel Rehavana a été pris en otage et tabassé à mort par des policiers de Tuléar, armés, qui revendiquaient la libération d'un sous-brigadier de police, Guillaume Jean Raphael Randriamamonjy.
Ce dernier a été reconnu coupable de complicité avec des malfaiteurs et condamné par la Cour criminelle ordinaire du 8 décembre à cinq ans de travaux forcés et à cinq ans d'interdiction de séjour dans la région de l'Atsimo-Andrefana (sud-ouest) pour avoir "vendu" son arme aux bandits.
D'après les sources, les collègues de ce policier condamné se sont rendus à la maison centrale située en pleine ville de Tuléar pour réclamer aux agents pénitenciers la libération de leur collègue.
Ces agents ont refusé les caprices des policiers en répliquant avec des tirs en l'air. Les policiers ont par la suite pris en otage le chef de poste de l'établissement pénitentiaire qui a été relâché après négociations sur place avec le procureur et le chef de district de Tuléar contre une promesse d'élargissement du policier détenu.
Les policiers impatients sont partis de nouveaux au tribunal de première instance de Tuléar et emmenés avec force et menottés le premier substitut du procureur de Tuléar, Michel Rehavana, vers la maison pénitentiaire pour ordonner la libération de Raphael Randriamamonjy. C'est à ce moment qu'il a pris des coups mortels et décédé après avoir été conduit à l'hôpital.