Paris (© 2024 Afriquinfos)- Une fois de plus, la France a formellement démenti ce jeudi 11 juillet 2024, l’existence de bases militaires françaises au Bénin. «Les seuls militaires permanents sont l’attaché de défense et les coopérants qui sont détachés auprès du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères», a indiqué l’état-major des Armées françaises.
L’instance militaire française précise néanmoins qu’il existe «ponctuellement des Détachements d’instruction opérationnelle (DIO) temporaires et de courte durée qui peuvent y être déployés composés de militaires issus des Éléments français au Sénégal ou des Éléments français en Côte d’Ivoire pour appuyer, à leur demande, les Forces armées béninoises par des actions de formation et d’entraînement».
Et de conclure: «Nous comptons actuellement 5 implantations françaises en Afrique: au Tchad, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Gabon, à Djibouti». Plus tôt dans la journée du jeudi 11 juillet 2024, le capitaine Ibrahim Traoré, Président de la Transition au Burkina Faso, avait accusé le Bénin et la Côte d’Ivoire de vouloir « déstabiliser » son pays. «Personne ne viendra nous dire qu’au Bénin, il n’y a pas de bases françaises dirigées contre nous. Nous avons les preuves sous la main. Deux bases importantes. Nul ne peut le contester», a-t-il affirmé au cours d’une rencontre avec les forces vives de la Nation retransmise sur RTB (Télévision publique).
Ibrahim Traoré assurait également disposer «d’enregistrements audio d’agents français au Bénin, qui se jouent des Centres des opérations des terroristes» et «montent les opérations avec eux, et les aident à se soigner». Les autorités béninoises et françaises ont catégoriquement rejeté les accusations nigériennes concernant l’existence de bases militaires françaises au Bénin. Selon Niamey, cette situation justifie le maintien de la fermeture des frontières terrestres entre le Bénin et le Niger.
Des démentis de la part de Paris et de Cotonou depuis septembre 2023
Ces accusations portées contre la France ce 11 juillet 2024 ne sont pas nouvelles, et Paris avait déjà rejeté, en mai 2024, de précédentes allégations relatives à l’existence présumée de bases militaires françaises au Bénin. En septembre 2023, le Gouvernement béninois avait déjà opposé un démenti formel, après des informations publiées par un site nigérien, Mourya Niger, lequel affirmait qu’une base militaire française était en «phase avancée de construction» dans le nord-Bénin.
Marc Vizy, l’ambassadeur de France au Bénin, avait lui aussi réaffirmé, en marge de l’édition 2024 de la Route de l’Europe, «qu’il n’y a pas de base militaire française» au Bénin. Interviewé le 27 mai 2024 par le média en ligne « Boulevards des Infos », le diplomate a martelé: «Comme je l’ai dit à peu près un millier de fois depuis que je suis là, il n’y a pas de base française dans le nord du Bénin». Sur un ton ironique, il en a profité pour envoyer une petite pique à la Russie, accusée d’alimenter le sentiment anti-français: «C’est comme les projets russes, les bases françaises, il n’y en a pas».
Toujours en mai 2024, en réponse aux accusations nigériennes de formation de terroristes sur le sol béninois, le Porte-parole du Gouvernement du Bénin, Wilfried Léandre Houngbédji, qualifiait ces accusations « d’affabulations. » Il a déclaré que son « pays, contrairement au Niger jusque dans un passé récent, ne dispose d’aucune base militaire étrangère sur son sol ». W. L. Houngbédji a ajouté que le Bénin construit depuis 2022 de petits camps militaires dans les zones frontalières avec le Burkina Faso et le Niger pour prévenir et lutter contre le terrorisme. « Les tentatives d’incursions djihadistes que nous enregistrons proviennent essentiellement de ces deux pays », avait-t-il précisé.
La France se trouve depuis quelques années dans une situation très inconfortable dans plusieurs pays d’Afrique dont le Mali, le Burkina Faso et le Niger, après la longue présence de l’opération Barkhane (2014-2022) sur le sol malien.
V. A.