Madagascar: Andry Rajoelina, Président sortant, seul contre tous et une rude adversité aux urnes le 16 novembre prochain

Afriquinfos Editeur
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Le Président malgache sortant Andry Rajoelina, candidat à la présidentielle, lors de son premier meeting de campagne, le 10 octobre 2023 à Antananarivo.

Pas l’ombre d’un doute ne plane sur son expression lorsqu’il lâche: « Je vais gagner, c’est sûr, et au premier tour ». Andry Rajoelina, président sortant et candidat à sa réélection à Madagascar, compte sur un fort soutien populaire et Dieu pour remporter un second mandat jeudi 16 novembre.

Le Président sortant de Madagascar Andry Rajoelina et candidat à la présidentielle, lors d’un meeting à Toamasina le 11 novembre 2023.

Visiblement éreinté après une dernière tournée de campagne au cours du week-end, le candidat de 49 ans, devenu le plus jeune chef d’Etat africain il y a une quinzaine d’années, a la voix cassée lors de cet entretien au milieu de la nuit avec l’AFP. « Mon soutien, c’est le peuple. Ensuite, ma femme. Et en premier lieu, le Seigneur, qui me guide et me protège« , dit-il, puisant encore un peu d’énergie après avoir harangué les foules pendant plusieurs heures au cours de la journée.

Élu en 2018, il ne fait pas de pronostic sur les scores et les sondages sont par ailleurs interdits sur la grande île de l’océan Indien. Mais samedi 11 novembre, des milliers sont venus l’acclamer à Toamasina (Est), poumon économique et plus grand port du pays, lors de son dernier déplacement avant le premier tour de la présidentielle.

La deuxième ville de l’île est accessible en voiture depuis Antananarivo. Mais avec des routes délabrées « qui font danser », dit-on dans le pays, il faudrait une douzaine d’heures pour parcourir les 360 kilomètres de distance. Pays parmi les plus pauvres de la planète, Madagascar manque cruellement d’infrastructures. Rajoelina débarque en 30 minutes à bord d’un avion privé. Pas même le temps de regarder si l’opposition, qui dénonce depuis plus d’un mois dans la rue une machination du pouvoir pour assurer un second mandat au président sortant, manifeste.

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« L’opposition veut le chaos et emmener la population dans la rue mais elle n’y arrive pas parce que la population me soutient« , balaie-t-il d’une main. Avant d’ajouter: « Madagascar n’a pas besoin d’une nouvelle crise ».

– « C’est l’Amérique » –

A Toamasina, les rues sont bordées de sable et les gens préfèrent souvent marcher pieds nus, leurs sandales à la main. Les odeurs de poisson et de brochettes de viande grillée flottent devant les « épiceries », baraques en bois des vendeurs de rue. Une grosse sono posée à l’arrière d’un pick-up crache pendant près d’une heure un hymne de campagne aux accents de zouk local.

Une foule venue à pied, à moto ou en tuk-tuk attend le Président depuis plusieurs heures. Certaines femmes se sont apprêtées. Des enfants du quartier grimpent sur les poteaux électriques pour tenter d’y voir quelque chose.

« Il y a des gens qui marchent pendant plusieurs heures » pour participer aux meetings, se flatte Andry Rajoelina. « C’est l’amour, la conviction et l’espoir que les gens mettent en moi » qui les font venir, assure-t-il, démentant offrir quoique ce soit en échange de leur participation, sinon un t-shirt à son effigie.

Il est néanmoins venu récolter ici les fruits d’un investissement. A quelques dizaines de mètres de la scène montée sur la plage, s’étale un vaste projet d’aménagement du littoral baptisé « Miami », pesant 9,5 millions de dollars et en phase d’achèvement.

Le Président sortant et candidat à la présidentielle à Madagascar Andry Rajoelina, lors d’un meeting à Toamasina le 11 novembre 2023.

« Il y a un endroit qui s’appelle Miami aux Etats-Unis. Un endroit qui s’appelle la Côte d’Azur en France. Nous avons Toamasina« , avait-il fait miroiter à l’annonce du projet pendant sa campagne 2018.

Depuis la semaine dernière, les Malgaches peuvent se promener entre restaurants proprets, terrain de basket, skatepark ou encore jardin planté de palmiers graciles. Du jamais vu dans le pays où les trois-quarts de la population vivant sous le seuil de pauvreté sont plus préoccupés par ce qu’ils vont mettre dans leur assiette que par une balade le long de la plage. « C’est Miami ici, c’est l’Amérique« , lance à l’AFP un passant rigolard.

Pendant cinq ans, « j’ai tout fait pour rattraper le retard de développement de Madagascar« , assure Andry Rajoelina. Considérant les cinq prochaines années acquises, il promet désormais l’électricité à un pays où 30% des foyers sont raccordés.

Le Président sortant et candidat à la présidentielle à Madagascar Andry Rajoelina, lors d’un meeting à Toamasina le 11 novembre 2023.