L’AGOA, imposant instrument du commerce USA-Afrique, malgré les polémiques sur sa prorogation au-delà de 2025

Afriquinfos Editeur
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Le Commissaire de l'UA, Albert Muchanga, au premier jour du 20è Sommet de l'AGOA (African Growth and Opportunity Act) à Johannesburg, le 2 novembre 2023 en Afrique du Sud.

L’Afrique du Sud accueille du 2 au 4 novembre 2023 un Sommet centré sur les échanges économiques et commerciaux du continent avec les Etats-Unis, après des polémiques ces derniers mois autour de la proximité de Pretoria avec Moscou, qui ont suscité des tensions avec Washington.

Le Président américain Joe Biden à la Maison Blanche, le 31 octobre 2023 à Washington.

Membres du Gouvernement américain et ministres du Commerce et de l’Industrie de la quarantaine de pays africains éligibles à la loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (Agoa) sont réunis jusqu’à ce 4 novembre à Johannesburg. L’Agoa, approuvée par le Congrès américain en 2000, est la pierre angulaire de la politique économique et commerciale des États-Unis sur le continent. Le dispositif permet à des pays d’Afrique subsaharienne de ne pas payer de droits de douane pour exporter leur production sur le sol américain.

Ce traitement commercial préférentiel est toutefois soumis à conditions en termes de pluralisme politique, de respect des droits humains et d’Etat de droit. La Maison Blanche a annoncé cette semaine le retrait de la République centrafricaine, du Gabon, du Niger et de l’Ouganda. Le Congrès américain doit encore valider cette décision. Le Sommet annuel doit notamment plancher sur la prolongation de l’accord qui expire en 2025.

Le choix de l’Afrique du Sud comme pays hôte est « un signe de notre engagement dans nos relations bilatérales« , a souligné auprès de l’AFP Joy Basu, Sous-Secrétaire d’Etat adjointe des Etats-Unis au bureau des Affaires africaines. Washington a « apprécié que l’Administration Ramaphosa mène une enquête sur les préoccupations soulevées« , a-t-elle ajouté. En mai 2023, l’ambassadeur américain à Pretoria a accusé l’Afrique du Sud d’avoir fourni un soutien militaire à la Russie, en dépit de sa neutralité déclarée dans le conflit avec l’Ukraine.

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Une enquête d’une Commission indépendante sud-africaine a conclu qu’aucune preuve ne permettait d’affirmer qu’un navire a transporté des armes du pays d’Afrique australe vers la Russie. Des parlementaires américains ont toutefois appelé à ce que Pretoria, qui a refusé de condamner Moscou depuis le début de la guerre en Ukraine, ne bénéficie plus d’avantages commerciaux.

« L’Afrique du Sud est tout à fait éligible à conserver ses avantages au titre de l’Agoa », a affirmé Mme Basu. Les échanges au titre de l’Agoa représentent 21% des exportations de l’Afrique du Sud vers les États-Unis, et sont passés de 2 à 3 milliards de dollars entre 2021 et 2022. Les exportations vont des pièces automobiles aux matières premières, en passant par les pierres précieuses.

« L’Agoa a joué un rôle essentiel dans le renforcement des liens économiques et la promotion de la croissance et du développement sur le continent africain », a souligné ce 2 novembre la Présidence sud-africaine dans un communiqué.

Les USA fermes pourtant sur les principes de l’AGOA

Le logo de l’AGOA au premier jour d’un Sommet sur les échanges économiques et commerciaux du continent africain avec les Etats-Unis, le 2 novembre 2023 à Johannesburg, en Afrique du Sud.

Joe Biden a décidé ce 31 octobre 2023 de supprimer l’accès de la République centrafricaine, du Gabon, du Niger et de l’Ouganda à certains privilèges commerciaux en leur reprochant des atteintes à la démocratie et aux droits humains, a annoncé la Maison Blanche.

Le président américain a annoncé au Congrès qu’il retirait les quatre Etats de la liste des pays d’Afrique sub-saharienne bénéficiaires du African Growth and Opportunity Act (AGOA). Ce texte datant de 2000 permet aux pays africains d’exporter de nombreux produits vers les Etats-Unis sans acquitter de droits de douanes. Ce traitement commercial préférentiel est toutefois soumis à une série de conditions en termes de pluralisme politique, de respect des droits humains et de l’Etat de droit, ou encore de lutte contre la corruption.

Dans sa lettre au Congrès, Joe Biden écrit que le Gouvernement centrafricain a commis « des violations fragrantes des droits humains » et « n’a pas établi, ni fait de progrès dans le sens du droit des travailleurs, de l’état de droit et du pluralisme politique ». Le Président américain reproche également au Niger et au Gabon de ne pas respecter le pluralisme politique ni l’Etat de droit, et accuse l’Ouganda de violations des droits humains.

Le Niger et le Gabon ont connu cette année des coups d’Etat. La Centrafrique, deuxième pays le moins développé au monde selon l’ONU, vit depuis 2013 une guerre civile meurtrière, qui a baissé en intensité depuis 2018.

L’Ouganda est pour sa part sous le feu des critiques de l’ONU et de nombreux pays occidentaux depuis l’entrée en vigueur cette année d’une loi répressive contre les personnes LGBTQ+.