Ouagadougou (© 2023 Afriquinfos)- Le Burkina Faso est devenu en juillet dernier, le troisième pays après le Nigeria et la Ghana à homologuer le vaccin R21/Matrix-M via son Agence nationale de régulation pharmaceutique (ANRP). Le vaccin antipaludique dont l’efficacité est de 75%, pourrait accélérer l’élimination du paludisme en Afrique. Elle vient d’être recommandée par l’OMS pour prévenir le paludisme chez l’enfant.
Avec 247 millions de cas dans le monde, dont 95% en Afrique, le paludisme reste un problème majeur de santé publique. Aussi, les recherches se sont-elles accélérées pour riposter contre la maladie. L’une des dernières études à avoir donné des résultats est celle ayant conduit à l’homologation du vaccin R21. Ces études cliniques ont été menées depuis mai 2019 par l’Unité de recherche clinique de Nanoro au Burkina Faso, en partenariat avec trois autres institutions: l’Université d’Oxford au Royaume-Uni, l’Institut du sérum d’Inde et la firme américaine Novavax.
Le Pr Halidou Tinto, ce pharmacien qui a été l’acteur principal des recherches des phases 2 et 3 du R21 et est directeur de l’Unité de recherche clinique de Nanoro, fonde de grands espoirs dans ce nouveau vaccin: «Il faut d’abord dire que le R21 est d’une efficacité de 75 %.
Cette efficacité n’a jamais été rapportée dans l’histoire de la vaccinologie contre le paludisme. Cela veut dire qu’on doit pouvoir, avec ce vaccin, réduire le paludisme de 75%, ce qui est énorme. Ce vaccin, s’il est introduit, va donc certainement changer le visage de la lutte contre le paludisme en ce sens qu’il viendra réduire de façon considérable les cas de la maladie et permettre d’accélérer l’agenda de son élimination qui est projeté pour les années 2030. L’impact sera donc important du point de vue de la santé publique pour nos populations», confie-t-il.
Restait donc la validation de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Cette recommandation a été approuvée par le Directeur général à l’issue de sa réunion semestrielle ordinaire qui s’est déroulée du 25 au 29 septembre 2023.
«En tant que chercheur, je rêvais du jour où nous disposerions d’un vaccin sûr et efficace contre le paludisme. Aujourd’hui, nous en avons deux», a salué Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. En effet, le vaccin R21 est le deuxième vaccin antipaludique recommandé par l’OMS, après le vaccin RTS, S/AS01, que l’Organisation avait recommandé en 2021.
On a constaté que ces deux vaccins étaient sûrs et permettaient de prévenir efficacement le paludisme chez l’enfant et qu’administrés à grande échelle, ils devraient avoir un impact important en termes de santé publique.
Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, a souligné l’importance de cette recommandation pour le continent, en soulignant: «Ce deuxième vaccin permet réellement de combler l’énorme écart entre l’offre et la demande. Disponibles à l’échelle voulue et largement administrés, ces deux vaccins peuvent aider à consolider les efforts de lutte antipaludique et sauver des centaines de milliers d’enfants en Afrique qui autrement seraient emportés par cette maladie mortelle», a-t-elle expliqué. Selon des données de l’OMS, près d’un demi-million d’enfants africains meurent du paludisme chaque année.
Boniface T.
