Ouganda: L’assignation cyclique à résidence de l’opposant Bobi Wine, une posture qui ne grandit pas le pays de Y. Museveni

Afriquinfos Editeur
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Bobi Wine, dirigeant du principal parti d'opposition, le 1er décembre 2020 près de Kayunga, en Ouganda.

Le dirigeant du principal parti d’opposition en Ouganda, Bobi Wine, a affirmé jeudi 5 octobre être assigné à résidence après avoir été arrêté par des agents de sécurité à son retour d’une tournée à l’étranger.

Bobi Wine, dirigeant du principal parti d’opposition, le 1er décembre 2020 près de Kayunga, en Ouganda.

Ancien chanteur, Bobi Wine, de son vrai nom Robert Kyagulanyi, était le principal rival du Président Yoweri Museveni – qui dirige ce pays d’Afrique de l’Est d’une main de fer depuis 1986 – à la présidentielle de 2021.

« Je suis assigné à résidence. Les soldats et les policiers sont partout« , a déclaré devant des journalistes Bobi Wine dans l’enceinte de sa maison de Magere, dans le nord de la capitale Kampala. « Dès que j’ai atterri, des sbires (du régime) m’ont attrapé, traîné, m’ont tordu les mains et m’ont emmené dans une voiture« , a-t-il poursuivi, soulignant que cela avait été « humiliant« .

M. Wine a également affirmé qu’au moins 300 de ses partisans « ont été arrêtés, dont des dirigeants » de son parti, la Plateforme d’unité nationale (NUP). L’AFP n’a pas été en mesure de vérifier ces informations de manière indépendante. « Nous condamnons cela et nous allons faire tout notre possible pour que ces innocents soient libérés« , a-t-il conclu.

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L’opposant à la tête de la NUP était arrivé à l’aéroport d’Entebbe jeudi matin en provenance d’Afrique du Sud via Kigali, la capitale rwandaise, après une tournée visant à promouvoir un documentaire sur lui diffusé par National Geographic et intitulé « Bobi Wine: le président du peuple« .

Bobi Wine « a été escorté avec succès par notre équipe de sécurité depuis Entebbe jusqu’à son domicile (…) Il est arrivé chez lui vers 11H20 et se trouve avec sa famille et ses amis« , a de son côté affirmé sur X (ex-Twitter) la police ougandaise, photos de l’opposant à l’appui, sans préciser s’il était assigné à résidence. Un important dispositif policier a été déployé autour de l’aéroport d’Entebbe, situé à environ 40 kilomètres au sud de la capitale Kampala.

Yoweri Museveni a été réélu en 2021 pour un sixième mandat au terme d’une campagne violente marquée par le harcèlement et l’arrestation de personnalités de l’opposition. L’ancien chanteur, qui avait officiellement recueilli 35% des voix, avait qualifié de « mascarade » le résultat de la présidentielle.

– Multiples arrestations –

Après le scrutin, sa maison de Magere, avait été encerclée durant onze jours par soldats et policiers, avant qu’un Tribunal n’ordonne la levée du dispositif.

Bobi Wine a été arrêté à de multiples reprises ces dernières années et les rassemblements de ses partisans régulièrement dispersés, parfois violemment. Durant la campagne électorale, des manifestations contre une énième arrestation de M. Wine avaient été violemment réprimées par les forces de sécurité, faisant au moins 54 morts.

Les partisans de Bobi Wine avaient prévu de l’accompagner en masse à son domicile au nord de la capitale pour l’accueillir chez lui, mais la police a déclaré que de tels rassemblements étaient illégaux. En septembre 2023, la police ougandaise avait annoncé suspendre une campagne nationale de mobilisation lancée par la NUP en raison de troubles à l’ordre public.

Les autorités avaient pourtant autorisé quelques jours auparavant cette opération lancée par la NUP, une décision inédite dans ce pays où l’opposition est sévèrement contrôlée. L’Ouganda tient sa prochaine élection présidentielle en 2026. Yoweri Museveni, 79 ans, n’a pas annoncé ses intentions pour le scrutin.

Son fils Muhoozi Kainerugaba a, lui, annoncé en mars 2023 son intention de se présenter, dans un tweet qu’il a ensuite effacé. Depuis, il a lancé son « mouvement MK« , dont les membres affichent leur souhait de le voir devenir « le prochain Président« . L’Ouganda est régulièrement épinglé par les ONG pour ses atteintes aux droits humains. Selon Amnesty International, les autorités de Kampala « ont cette année encore réprimé pénalement les manifestations, sans fondement juridique. Elles ont eu recours à la détention provisoire et à des poursuites pénales pour dissuader les critiques« .