Djihadisme au Faso: Les jihadistes qui contrôlent encore 40% du territoire ont tué dix-sept militaires et trente-six supplétifs de l’Armée ce 4 septembre

Afriquinfos Editeur
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Une quarantaine de supplétifs de l'armée et de civils ont été tués samedi lors de trois attaques menées par des jihadistes présumés dans le nord et l'est du Burkina Faso.

Dix-sept militaires et trente-six supplétifs de l’Armée du Burkina Faso ont été tués dans une nouvelle attaque de jihadistes présumés dans la région du Nord, a annoncé mardi 05 septembre l’état-major de l’Armée burkinabè qui voulait y réinstaller des civils chassés par la violence.

Le capitaine Ibrahim Traoré, le 15 octobre 2022 à Ouagadougou, au Burkina.

« Cinquante-trois combattants », précisément « dix-sept militaires et trente-six VDP (Volontaires pour la défense de la patrie, supplétifs civils de l’armée) ont perdu la vie » lundi 4 septembre, indique l’état-major dans un communiqué.

L’unité attaquée était déployée à Koumbri, dans la province du Yatenga, pour « permettre la réinstallation » de populations « qui ont quitté la zone depuis plus de deux ans », chassées par les jihadistes, explique-t-il. L’état-major de l’Armée, qui a pris le pouvoir lors de coups d’Etat en 2022, « enregistre aussi une trentaine de blessés qui ont été évacués et pris en charge ». Il précise que « des opérations de riposte » ont permis de « neutraliser plusieurs assaillants », de « détruire leur matériel de combat » et affirme que des « opérations sont toujours en cours dans la zone ».

« Tout est mis en oeuvre pour mettre hors d’état de nuire les éléments terroristes » qui sont « en fuite », ajoute-t-il. Les violences de groupes armés liés à Al-Qaïda et à l’Etat islamique, qui minent le pays depuis 2015, ont entraîné le déplacement de plus de deux millions de personnes à l’intérieur du pays.

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En sept ans, ces fréquentes violences ont également fait plus de 16.000 morts – civils et militaires – selon l’ONG Acled qui répertorie les victimes de conflits. Les groupes jihadistes sont également actifs dans deux pays voisins du Burkina — le Mali et le Niger également dirigés par des militaires, auteurs de deux coups d’Etat depuis 2020 pour le premier et le 26 juillet pour le second.

– Coopération avec Moscou, Téhéran –

Les attaques attribuées par l’Armée à des « groupes armés terroristes » se sont multipliées au cours des derniers mois au Burkina. Vendredi 1er septembre, quatre supplétifs civils de l’Armée et un policier ont été tués lors d’une attaque dans le Centre-nord. En août 2023, ce sont cinq policiers burkinabè et une vingtaine de personnes qui avaient été tuées dans le Centre-est dans deux attaques.

Le 26 juin, 71 hommes – 31 soldats et 40 supplétifs civils de l’Armée – avaient été tués dans trois attaques, dont les deux plus meurtrières avaient eu lieu dans la province du Centre-nord. Début septembre 2023, l’état-major indiquait que « différentes actions » menées entre le 7 août et le 1er septembre dans l’ouest du pays avaient permis de « neutraliser plus de 65 terroristes ». Le capitaine Ibrahim Traoré, Président de transition issu d’un coup d’Etat, avait déploré en juillet 2023 « des attaques de plus en plus récurrentes contre les civils », estimant que les jihadistes qui contrôlent environ 40% du territoire, faisaient preuve de « lâcheté ».

Au pouvoir depuis près d’un an après un coup d’Etat en septembre 2022 – le deuxième en huit mois -, I. Traoré avait notamment justifié son coup de force par l’augmentation des violences des groupes armés. Depuis qu’il a exigé le départ des forces françaises de son sol en janvier 2023, le Burkina Faso cherche de nouveaux partenaires, notamment en matière de défense.

Une délégation russe, conduite par le vice-ministre de la Défense, Yunus-Bek Yevkurov, a échangé avec le Président burkinabè la semaine dernière, sur des questions de développement et de coopération militaire.

La ministre des Affaires étrangères burkinabè, Olivia Rouamba, avait manifesté lundi 4 septembre le souhait de son pays de « renforcer la coopération bilatérale » avec l’Iran, lors d’un entretien à Téhéran avec le Président Ebrahim Raïssi.

Des soldats burkinabè en patrouille dans les environs de Dori, le 3 février 2020.