Tunisie/Personnalités arrêtées depuis février 2023: Deux opposants de premier plan de plus remis en liberté depuis ce 14 juillet

Afriquinfos Editeur
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L'ancien ministre et opposant Lazhar Akremi (c), à sa sortie de prison, le 13 juillet 2023 à Tunis.

Deux opposants de premier plan au Président tunisien Kais Saied, emprisonnés depuis plus de cinq mois, ont été remis en liberté dans la nuit de jeudi à vendredi 14 juillet, mais ils se sont dits inquiets pour leurs compagnons encore détenus.

L’opposante Chaima Issa, membre du Front de salut national (FSN) à sa sortie de prison, le 13 juillet 2023 à Tunis.

Chaima Issa, membre de la principale coalition d’opposition Front de salut national (FSN), et l’ancien ministre Lazhar Akremi, font partie d’un groupe d’une vingtaine d’opposants et personnalités du monde des affaires arrêtés depuis février dans le cadre d’une enquête pour « complot contre la sûreté de l’Etat ». K. Saied les a qualifiés de « terroristes » mais leurs avocats ont dénoncé des dossiers d’accusation « vide« .

A sa sortie, Chaïma Issa, qui arborait un t-shirt rouge marqué du mot « Free » (Libre), a dit savourer son « bonheur d’être libre ». « Mais c’est un bonheur incomplet » car « l’injustice que j’ai subie frappe toujours mes amis » encore emprisonnés, a-t-elle dit devant des journalistes. « On est entrés, on est sortis. On ne sait pas pourquoi nous sommes entrés (en prison, ndlr) ni pourquoi nous sommes sortis. Voilà! Tout simplement », a déclaré de son côté L. Akremi, dont la libération a été saluée comme celle de Mme Issa par des klaxons et des applaudissements d’une vingtaine de personnes.

Le comité de défense, qui avait annoncé la décision de leur remise en liberté, a dit avoir réclamé la libération des autres opposants politiques, mais le juge de la Cour d’appel a rejeté cette demande.

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Avant eux, le 24 mai, le patron de Mosaïque FM, une radio privé indépendante la plus écoutée de Tunisie, Nouredine Boutar, avait été libéré après avoir été emprisonné dans le cadre de cette enquête, mais sous condition de paiement d’une caution d’un million de dinars (environ 300.000 euros). Il reste poursuivi pour complot contre la sûreté de l’Etat et blanchiment d’argent.

Une centaine de manifestants et de proches des opposants et personnalités détenus avaient manifesté dans la matinée de ce 13 juillet, dénonçant des arrestations motivées par des « raisons politiques« .

La campagne d’arrestations lancée depuis février 2023 a visé des dirigeants politiques de premier plan, dont le co-fondateur du FSN, Jaouhar Ben Mbarek, et le chef du mouvement islamo-conservateur Ennahdha, membre du FSN, Rached Ghannouchi. Plusieurs ONG tunisiennes et internationales ont fait état d’une régression des droits et des libertés dans le pays depuis le coup de force par lequel K. Saied s’est emparé des pleins pouvoirs en juillet 2021.