Djihadistes au Faso: On continuera d’acquérir des moyens majeurs avec Russes et Turcs, et coopérer avec ceux qui souhaitent nous aider (Traore)

Afriquinfos Editeur
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Le capitaine Ibrahim Traoré (c), chef de la junte au pouvoir au Burkina Faso, à Ouagadougou, le 4 mars 2023.

Le Président de la transition au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a appelé ce 4 mai à éviter des « conclusions hâtives » accusant l’armée d’être responsable du massacre de Karma, dans le nord du pays. Massacre commis le 20 avril par des hommes en uniformes militaires.

« Pourquoi accuser (l’armée) directement parce qu’on dit qu’ils (les assaillants) sont venus avec des pickups et des tenues de l’armée ? », s’est-il interrogé lors d’un entretien à la télévision publique burkinabè, rappelant que « l’armée a perdu des blindés, des pickups », lors des nombreuses attaques commises par des jihadistes dans le pays.

« Sachant cela, on ne peut pas immédiatement accuser les Forces de défense et de sécurité (FDS) (…) On attend que les enquêteurs fassent leur travail et que les gens évitent de tirer des conclusions hâtives », a-t-il poursuivi. Le procureur de Ouahigouya a ouvert une enquête. Le 20 avril, 136 personnes dont 50 femmes et 21 enfants ont été tuées à Karma, village à 15 km de Ouahigouya, selon un bilan officiel. Des rescapés et des témoins ont affirmé que le massacre a été commis « par des personnes arborant des tenues de nos forces armées nationales ».

Lors de l’entretien télévisé, le capitaine Traoré – arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en septembre – a également dénoncé les agissements d’une « coalition contre le Burkina Faso », engagé dans la lutte contre la violence jihadiste.

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« Ils sont nombreux ces pays qui ont refusé catégoriquement de nous vendre de l’équipement », a-t-il déclaré. Plus de trois mois après avoir demandé le départ de l’armée française, le Président a affirmé s’être tourné vers des « alliés stratégiques » comme la Russie et la Turquie. « On continuera d’acquérir des moyens majeurs avec ces pays (et) on va coopérer avec ceux qui souhaitent nous aider dans cette guerre » contre les jihadistes, a-t-il assuré, saluant également une coopération avec la Corée du Nord pour l’acquisition d’équipements militaires.

Évoquant le retour à l’ordre constitutionnel prévu en juin 2024, le capitaine Ibrahim Traoré a seulement exprimé son « souhait » d’organiser des élections le « plus tôt possible ». Le Burkina Faso, théâtre de deux coups d’Etat militaires en 2022, est pris depuis 2015 dans une spirale de violences jihadistes apparues au Mali et au Niger quelques années auparavant, et qui s’est étendue au-delà de leurs frontières.