Tokyo (© 2022 Afriquinfos)- Les funérailles nationales controversées de Shinzo Abe ont eu lieu au Nippon Budokan, un Centre d’arts martiaux dans le centre-ville de Tokyo, le mardi 27 septembre 2022. 700 personnalités internationales, venues d’Occident et du continent africain étaient présentes à cette cérémonie non confessionnelle d’une heure et demie.
Parmi les leaders africains, on pouvait compter au premier rang le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé, Aziz Akhannouch, Premier ministre du Maroc, Kembo Mohadi, deuxième vice-président du Zimbabwe, Kamel al-Wazir, Ministre des Transports d’Egypte, Kassim Majaliwa, Premier Ministre de la Tanzanie, Rose Christiane Raponda, Premier Ministre du Gabon, Mamadou Tangara, Ministre des Affaires étrangères de Gambie.
Après l’hymne national et une minute de silence, plusieurs éloges funèbres ont été prononcés, notamment par l’actuel Premier ministre Kishida et Yoshihide Suga, ancien bras droit d’Abe qui lui avait succédé comme Premier ministre (2020-2021).
De nombreux Japonais ont fait le déplacement pour rendre un dernier hommage à leur ex-Premier ministre. Ils ont fait la queue pour déposer des gerbes de fleurs et se recueillir brièvement devant un portrait d’Abe installé dans la tente près du Nippon Budokan. Mais selon les derniers sondages, environ 60% des Japonais étaient opposés à ces funérailles nationales dont les coûts sont estimés à 12 millions d’euros. Des manifestations pacifiques contre l’événement ont même parfois réuni plusieurs milliers de personnes.
La décision rapide et unilatérale de Fumio Kishida d’organiser des funérailles nationales a indigné l’opposition qui estime que cela aurait dû être débattu et approuvé au Parlement. Plusieurs partis d’opposition les ont donc boycottées. Des hommages de ce type pour des responsables politiques sont rarissimes au Japon depuis l’après-guerre, le seul précédent remontant à 1967.
L’assassinat de Shinzo Abe par balles en plein meeting électoral le 8 juillet dernier à 67 ans a choqué au Japon et dans le monde entier. Le mobile de son assassin présumé : les liens supposés d’Abe avec l’Église de l’Unification, surnommée « secte Moon« , accusée d’exercer de fortes pressions financières sur ses membres – a encore un peu plus terni l’image de l’ancien Premier ministre aux yeux de ses détracteurs. Shinzo Abe était aussi critiqué pour ses vues ultralibérales et nationalistes, sa volonté de réviser la Constitution pacifiste japonaise, et ses liens avec de nombreux scandales politico-financiers.
Abe a battu le record de longévité d’un Premier ministre en exercice au Japon (plus de huit ans et demi en 2006-2007 et 2012-2020). Il était la figure politique japonaise la plus connue aussi bien dans son pays qu’à l’international, avec son activité diplomatique intense et sa politique de relance budgétaire et monétaire massive surnommée « Abenomics« . Il était aussi un ami de l’Afrique et avait développé une coopération active avec ce continent.
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