Rapprochement de Bamako avec Wagner, la ligne rouge que ni la CEDEAO ni Paris et Berlin ne sauraient accepter!

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Des instructeurs de Wagner en Centrafrique (DR).

Bamako (© 2021 Afriquinfos)– La perspective d’un rapprochement entre Bamako et le groupe paramilitaire privé russe Wagner suscite toujours de nombreuses inquiétudes. Après Paris, Berlin et les pays membres de la CEDEAO se sont aussi prononcés sur la question et ne cachent pas leurs vives préoccupations quant à une telle éventualité qui selon eux, remettrait en cause leur implication dans la lutte contre le terrorisme dans le pays et dans la région du Sahel.

La menace des deux capitales européennes est à peine voilée. Si Bamako ‘s’acoquine’ avec Wagner, Paris et Berlin remballent leurs affaires et quittent le territoire malien où elles sont engagées depuis plusieurs années dans la lutte contre le terrorisme.    

C’est d’abord la ministre française des Armées, Florence Parly qui a lancé les premières mises en garde: «Il se passe des choses inquiétantes au Mali et si cette rumeur selon laquelle les autorités maliennes devaient contractualiser avec la société Wagner se vérifie, ce serait extrêmement préoccupant et contradictoire, incohérent avec tout ce que nous avons entrepris depuis des années, et tout ce que nous comptons entreprendre en soutien des pays du Sahel», a-t-elle déclaré. Elle est soutenue dans ses propos par Jean-Yves le Drian, le Chef de la diplomatie française pour qui la présence de Wagner qu’il considère comme «une milice privée composée de militaires qui s’est illustrée avec des exactions, prédations, violations en tout genre» est «absolument inconciliable avec notre présence. En Centrafrique, cela a provoqué une détérioration de la situation sécuritaire. Une intervention d’un groupe de ce type serait incompatible avec l’action des partenaires sahéliens et internationaux du Mali», a-t-il indiqué.

L’Allemagne s’est elle aussi jointe aux récriminations de Paris. La ministre allemande de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, n’y est pas allée par quatre chemins pour afficher la position de son pays qui a déployé 1.500 hommes au Mali dans le cadre de la Minusma, la mission de l’Onu et de l’EUTM, la mission de formation de l’Union européenne. «Si le gouvernement du Mali passe un tel accord avec la Russie, cela contredirait tout ce que l’Allemagne, la France, l’Union européenne et l’Onu ont fait au Mali depuis huit ans», a-t-elle fait remarquer, sentencieuse. Les députés allemands sont sur la même longueur d’onde que leur exécutif. Christoph Hoffmann, du parti libéral démocrate FDP, a fait savoir que «cela ne va pas stabiliser la situation sur place. Ensuite, on doit noter que la Russie est très intéressée par la vente d’armes. C’est très important de commencer une communication intensive maintenant pour arrêter le projet Wagner. Pour la stabilisation du pays, c’est le progrès et le développement qui sont importants, rien d’autre», insiste-t-il. Katja Keul, députée vert au Bundestag, pour sa part, soutient qu’«une collaboration avec le groupe Wagner est hors de question et si cela s’avère vrai, il faut mettre fin à l’EUTM (… ) car nous avons déjà la situation selon laquelle l’armée formée par l’UE a effectué un coup d’Etat».

Sur un plan régional, jeudi dernier, c’est la CEDEAO qui au terme de son Sommet extraordinaire tenu à Accra, qui a enfoncé le clou. Dans leur communiqué final, les Chefs d’Etat de la région ouest-africaine indiquent qu’«au plan sécuritaire, la Conférence dénonce fermement la volonté des  autorités de la Transition d’engager des compagnies de sécurité privées au Mali et est très préoccupée par les conséquences certaines sur la détérioration de la  situation sécuritaire au Mali et dans l’ensemble de la région».

Pour l’heure, à Bamako, on semble ne pas être inquiet face à la vague de mises en garde. Le Ministère malien de la Défense a fait savoir que des discussions sont en cours avec le groupe Wagner mais que rien n’a été signé.

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