A Iabohazo, Betroka, Ihorombe, Androy, Anosy et à Bezana, dans le sud-est de Madagascar, la chasse aux dahalos bat son plein. Les dahalos ou malasos, ce sont les voleurs de zébus. Dans la tradition locale, le vol de zébus était, il n’y a pas longtemps encore, un rite initiatique réservé aux seuls jeunes hommes devant prouver leur virilité avant de convoler en justes noces. La donne a changé. Depuis peu, la pratique coutumière est devenue une affaire de desperados et de braconniers lourdement armés semant la mort et la désolation sur leur passage, pour s’emparer des bovidés.
Face à l’insécurité grandissante et l’inertie du gouvernement, les éleveurs de zébus ont créé des milices d’autodéfense et décidé d’organiser des ratonnades préventives. Résultat : en un mois, plus d’une centaine de dahalos ont été massacrés, bien souvent au terme de battues collectives orgiaques. Les malfaiteurs présumés sont abattus, éventrés, parfois brûlés et, bien souvent, amputés de leurs membres et organes…
Le président de la Transition, Andry Rajoelina, s’est rendu sur place à la mi-septembre, accompagné d’une forte délégation militaire. Il a décidé d’un renforcement des moyens militaires. En l’espace de trois mois, plus d’une vingtaine de militaires, dont des officiers supérieurs, ont été tués par des voleurs de bétail.
Les photos que nous proposons ont été prises sur place par des employés des Nations unies. Elles montrent, avec une certaine crudité, le sort réservé aux voleurs de zébus : cranes fracassés, yeux arrachés, visages tuméfiés… Il ne s’agit pas de faire dans le voyeurisme, mais de donner à voir la réalité telle qu’elle se vit ces jours-ci dans les régions australes de la Grande île, où prévaut la loi du Talion ou une forme de justice populaire.
Âmes sensibles s’abstenir…