Combien y a-t-il d’enfants de la rue dans les principales villes ?
D’après une enquête réalisée en 2011 en partenariat avec le ministère de la Solidarité nationale, des Droits de l’homme et du Genre et l’Unicef, quelque 2661 enfants de la rue ont été recensés dans la ville de Bujumbura, 191 à Gitega et 411 à Ngozi. Ils sont, au total, 3263, dont 261 filles.
Quelles en sont les conséquences ?
Elles sont énormes. En dehors des préoccupations sociales et humanitaires, c’est mauvais pour la réputation de nos villes car c’est une source d’insécurité.
Quelles sont les causes de l’explosion du nombre d’enfants de la rue ?
La pauvreté en est la cause principale. A cause de la crise économique, de la guerre et de l’instabilité, certaines familles se sont retrouvées dujour au lendemain dans la misère. Autre cause : la perte de nos coutumes. Dans la tradition burundaise, l’enfant appartient au pays, son éducation et sa survie incombent à l’ensemble de la communauté. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. C'est le « chacun pour soi, Dieu pour tous » qui prime. L’enfant appartient aux parents directs. Lorsqu’il devient orphelin, il n’est plus récupéré par l’entourage. Il y a, enfin, l’exode rural. Des centaines d’enfants convergent vers Bujumbura ou d’autres villes dans l’espoir d’y trouver du travail. Au mieu de cela, ils se retrouvent à la rue.
Que font le gouvernement et les acteurs associatifs pour lutter contre ce phénomène ?
Depuis 2010, on s’est entendu avec le ministère de tutelle, l’Unicef et d’autres partenaires poir élaborer une stratégie de prévention et de lutte contre ce fléau.
Cette stratégie, dont le coût est estimé à 4 milliards de Fbu (autour de 3 million $), est à la fois préventive et curative. Elle propose des solutions en faveur des familles vulnérables afin qu’elles soient plus autonomes et puissent subvenir aux besoins de leurs enfants. Elle prévoit la création d’un Centre multidimensionnel avec des filières des métiers pour tous les enfants ayant passé l’âge scolaire. Ces enfants bénéficieront d’une formation et seront réintégrés, avec un travail à la clé, au niveau communautaire.
Cette stratégie prévoit aussi une prise en charge dans les petits centres de transit et une éducation communautaire de base pour tous les enfants. Un appui scolaire est prévu. Depuis mars 2012, ce document stratégique est au ministère de tutelle. Elle attend d’être examinée en Conseil des ministres, puis éventuellement intégrée à la Loi de finances 2013.
Qui est le principal responsable en la matière ? Les associations ? Les organisations internationales ? L’Etat ?
Le phénomène des enfants de la rue n’est pas l’affaire des seules associations. Le gouvernement pense à tort que c’est l’affaire de l’Unicef, des ONG et des associations. A mon sens, c’est plutôt l’affaire de l’Etat. Les associations sont là pour aider celui-ci, appuyer ses efforts dans la mise en œuvre des projets en faveur des enfants en situation de détresse. Il faut un budget annuel dédié. Malheureusement, le budget actuel est négligeable. L’Etat dispose seulement d’un petit centre d’accueil de 70 places.