Paris (© 2025 Afriquinfos)- VivaTech, le grand rendez-vous européen de l’innovation, a une nouvelle fois rassemblé à Paris les acteurs majeurs de la tech et des start-ups, du 11 au 14 juin. L’Afrique y a occupé une place stratégique : plusieurs délégations nationales, dont celles du Nigeria, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, sont venues accompagnées d’une vingtaine de start-ups chacune, illustrant le dynamisme et la structuration croissante de leurs écosystèmes. Sur la scène AfricaTech, cette vitalité a été largement mise en lumière, un mouvement soutenu par des acteurs clés comme HEC Paris.
Pour cette 10e édition, le salon a franchi un nouveau cap avec plus de 165 000 visiteurs, 3 200 investisseurs et quelque 13 500 start-ups issues de 120 pays. Dans ce paysage international, l’Afrique s’est distinguée comme un territoire d’innovation à suivre. La scène AfricaTech, en particulier, a offert une démonstration concrète de cette vitalité.
Dans ce cadre, le jeudi 12 juin, HEC Paris a mis en lumière la dynamique de structuration d’un écosystème entrepreneurial africain porté par des modèles innovants et conçus pour répondre aux réalités du terrain. À travers son programme Challenge+ lancé il y a 35 ans en France, et déployé à Abidjan en 2021 puis à Dakar en 2023, l’École accompagne une nouvelle génération de start-ups aux modèles de rupture, frugaux et profondément ancrés localement.
Le panel « Durabilité & Innovation : l’Afrique invente ses propres modèles », modéré par le Professeur Étienne Krieger, fondateur et co-directeur académique de Challenge+, a réuni Sophie Tall, cofondatrice de La Ruche Health (entreprise qui facilite l’accès à la santé pour les femmes en Côte d’Ivoire, 4e cohorte Challenge+ Abidjan), et Christ Anderson Ahoua Boua, responsable du programme EDF Pulse Africa.
Tous deux ont rappelé que l’innovation véritable ne peut être importée, mais doit s’élaborer au plus près des besoins : en prise avec les usages, les contextes culturels et les défis structurels. Pour eux, les clés résident dans la création de solutions pensées avec les usagers, dans un accompagnement sur-mesure et dans l’accès à des financements adaptés.
“L’Afrique ne se contente pas d’importer des modèles ayant fait leurs preuves ailleurs. Elle en crée de nouveaux, souvent avec frugalité, toujours avec ingéniosité. Lorsqu’il s’agit de durabilité, d’innovation ou d’inclusion, de nombreuses initiatives africaines s’imposent aujourd’hui comme des sources d’inspiration à l’échelle mondiale”, a rappelé Étienne Krieger, Fondateur et co-directeur académique du programme, en introduction du panel.
La discussion a mis en lumière une dynamique désormais centrale : sur le continent africain, les contraintes, qu’elles soient logistiques, économiques ou sociales, se transforment en catalyseurs d’innovation et d’impact. Les start-ups accompagnées par Challenge+ à Abidjan et Dakar, présentes à VivaTech, incarnent pleinement cette réalité :
- Limawa : Technologie sénégalaise de réfrigération solaire mobile pour les aliments, rendant la chaîne du froid trois fois moins coûteuse – lauréat du Demo Day 2024 à Dakar ;
- NeoFarm : Biotech sénégalaise qui transforme les déchets organiques en protéines et huiles dérivées d’insectes pour l’alimentation animale, et en engrais pour l’agriculture
- Quitus, Beezee, Maket, Explor’Action, Coliba Africa : autant de start-ups qui adressent des enjeux concrets d’éducation, de gestion financière, de consommation responsable ou d’économie circulaire.
Structurer & accompagner pour rayonner
La question du passage à l’échelle a également été au cœur des échanges. Manque de structuration, accès limité au financement, déficit de confiance (etc.) : autant de défis auxquels les entrepreneurs africains sont régulièrement confrontés et qui appellent des réponses co-construites entre secteurs public et privé.
Face à cela, des dispositifs comme EDF Pulse Africa ou Challenge+ jouent un rôle clé. En fournissant aux porteurs de projets des outils pour affiner leur modèle économique, structurer leur stratégie et se connecter à des réseaux internationaux, ils contribuent à faire émerger une nouvelle génération d’entrepreneurs.
En amont du panel, les entrepreneurs ont été accueillis à Station F, le plus grand campus de start-ups au monde, pour une visite de l’Institut Innovation & Entrepreneuriat d’HEC Paris et une présentation du Centre DeepTech, lieu de convergence entre sciences, technologie et business, portant notamment plusieurs programmes d’accélération à impact, dont Challenge+.
Quelques chiffres clés :
- En 2024, l’Institut a soutenu 600 start-ups, dont 150 à impact social ou environnemental ;
- Il a vu naître 16 licornes et accompagner des levées cumulées de 16,4 milliards d’euros en cinq ans ;
- Le programme Challenge+, qui célèbre cette année sa 57e promotion en France, a permis d’accompagner 1 000 entreprises depuis sa création il y a 35 ans.
Par cette approche combinant ancrage local, expertise académique et ouverture internationale, HEC Paris confirme son engagement à soutenir l’émergence et la structuration, sur le continent, d’un entrepreneuriat ambitieux, inclusif et à fort impact.
Afriquinfos