Selon certains analystes, cette visite de la secrétaire d'Etat américaine montre que tout en accélérant son retour dans la région Asie-Pacifique, Washington est parallèlement en train de se démener pour assurer la sauvegarde de ses intérêts en Afrique. Par ailleurs, certains commentateurs estiment que cette visite de Mme Clinton a également pour objectif d'aider le président américain Barack Obama à se rallier des électeurs pour tenter d'assurer sa réélection en novembre prochain.
Pour atteindre ces objectifs, la secrétaire d'Etat américaine a même accusé la Chine, sur le mode de l'insinuation. Dès son arrivée au Sénégal, première étape de sa tournée, Mme Clinton a commencé à prôner le modèle de la démocratie américaine et à insister sur le respect des droits de l'Homme. Elle a déclaré que les Etats-Unis cherchaient à construire avec l'Afrique "un modèle de partenariat durable, qui ajoute de la valeur plutôt que d'en extraire" et qu'ils soutenaient fermement la démocratie et les droits de l'Homme, contrairement à certains pays qui utilisent "d'autres moyens" pour obtenir continuellement des ressources de l'Afrique.
Bien que Mme Clinton n'ait cité aucun pays en particulier, il a été communément compris que ses propos visaient ici la Chine. Selon des experts, du fait de l'influence croissante de la Chine en Afrique, les Etats-Unis commencent à s'inquiéter des conséquences pour leurs intérêts sur le continent. Toutefois, les pays africains ont leurs propres stratégies de développement et ne se laisseront pas influencer par les propos de Mme Clinton.
Lors d'une interview accordée à l'agence de presse Xinhua, un expert sud-africain spécialiste en relations internationales a indiqué qu'il se pourrait que le gouvernement américain soit actuellement très préoccupé par l'influence de la cinquième Conférence ministérielle du Forum de coopération Chine-Afrique récemment tenue à Beijing, ce qui le pousserait à rechercher le soutien des pays africains, en mettant l'accent sur les notions de démocratie et de droits de l'Homme. Cependant, cette visite de la secrétaire d'Etat américaine n'affectera pas les relations entre l'Afrique et la Chine, et les pays africains préfèrent coopérer avec la Chine, a poursuivi cet expert sud-africain.
Par ailleurs, selon les médias kenyans, l'arrivée à la Maison Blanche de Barack Obama, qui a des ascendances kenyanes, avait fait naître dans le pays des espoirs quant au renforcement des relations bilatérales et au futur développement du pays. Mais cet espoir s'est soldé par une déception. Ces dernières années, le Kenya s'est rapproché de la Chine et s'est développé en bénéficiant de son aide. Maintenant que la coopération sino-kenyane est en plein essor, le président Obama envoie Mme Clinton en Afrique pour contrer l'influence de la Chine au Kenya. Il est trop tard.
Certains analystes indiquent par ailleurs que la visite de la secrétaire d'Etat américaine en Afrique vise également à donner un coup de pouce à la campagne que mène le président Obama pour sa réélection, ainsi qu'à renforcer les intérêts économiques des Etats-Unis sur le continent.
Selon un expert américain, cette visite de Mme Clinton, effectuée à seulement trois mois de l'élection présidentielle américaine, a notamment pour but d'aider le président Obama à remporter le scrutin en mettant en valeur les accomplissements de son gouvernement sur le plan diplomatique et en recherchant le soutien des électeurs américains d'origine africaine.
Un sondage publié en juin montre l'effritement rapide de la cote de popularité du président Obama chez les électeurs d'origine africaine en Caroline du Nord. D'après ce sondage, 76% d'entre eux seulement soutiennent désormais le président Obama, alors qu'ils étaient 95% à le soutenir lors de l'élection présidentielle de 2008.
Notons également qu'une délégation d'hommes d'affaires a accompagné Mme Clinton en Afrique et que les neuf destinations de Mme Clinton comprennent les plus grands pays producteurs de pétrole du continent, comme le Nigeria, le Ghana et le Soudan du Sud, ainsi que des pays potentiellement importants du point de vue pétrolier, tels que le Kenya et l'Ouganda.
Les produits pétroliers représentent environ 89% des produits importés d'Afrique par les Etats-Unis. Le Nigeria, cinquième plus grand fournisseur de pétrole des Etats-Unis, exporte plus de 40% de son brut aux Américains. Et dans les années à venir, l'intérêt de Washington pour le pétrole africain ne pourra que s'accroître.
Comme l'a fait remarquer un responsable du gouvernement américain, six des dix économies les plus dynamiques du monde se trouvent en Afrique. "Nous espérons profiter d'un continent de plus en plus prospère", a-t-il dit.