Vers un procès par contumace pour les Bongo sous Oligui Nguema

Afriquinfos Editeur
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La Famille Bongo (Dr-Rfi)

Paris (© 2025 Afriquinfos)- Sylvia et Noureddin Bongo l’épouse et le fils d’Ali Bongo sont impliqués dans une affaire de « Biens mal acquis » alors qu’ils sont en exil en Angola. Ils se seraient constitués, au Gabon comme dans plusieurs pays à travers le monde, un formidable patrimoine immobilier et financier qui suscitent des doutes quant à sa provenance. Une grande partie se trouverait à Londres.

Cette nouvelle affaire des « Biens mal acquis » reposerait sur des éléments de preuves qui accableraient Sylvia Bongo et son fils. Puisque l’enquête y relative menée discrètement au cours du dernier trimestre 2023, a permis de recenser plusieurs biens. Notamment, des immeubles et villas construits au Gabon et acquis à l’étranger, à partir des ressources financières jugées illicites. Du moins, des investissements réalisés à partir des financements publics.

Dans la capitale anglaise, l’on parle de cinq résidences de luxe qui appartiendraient à l’épouse d’Ali Bongo Ondimba âgée de 62 ans depuis le 11 mars dernier. Notamment les zones très prestigieuses, au Charles Street, dans la cité de Westminster, dans le quartier de Mayfair, au Castle Lane, au 40 Charles Street et au 35 Marylebone High. Elle serait également détentrice d’un compte bancaire de plus de 366,970 milliards de FCFA (plus de 563 millions d’euros). Un scandale, estime-t-on, au regard de son immensité. Mais ce ne serait pas le seul compte aussi garni, selon les sources judiciaires.

Il reste que le procès dont la date précise n’est pas encore connue permettra, sans nul doute, de faire la lumière sur la provenance de ces biens immobiliers dans ces quartiers très huppés de Londres et autres, abordera la question de leur restitution ou pas. Un dossier qui alimentera naturellement de vifs débats sur les différents mécanismes et autres montages financiers mis en place dans le pays par de nombreux acteurs et hauts responsables, pour placer les capitaux dans les paradis fiscaux et les acquis immobiliers dont ils disposent ici et là.

Une plainte des Bongos contre le régime de N’Guema

De son côté, Ali Bongo, ancien président gabonais, a été entendu mardi 1er juillet à Paris par deux juges d’instruction à propos de la plainte dans laquelle il dénonce sa ‘’séquestration arbitraire’’, par le nouveau pouvoir après le coup d’Etat d’août 2023, tandis que sa famille avance des ‘’tortures’’. La plainte avec constitution de partie civile avait été déposée en mai 2024 par le chef d’Etat déchu, qui a quitté à la mi-mai le Gabon pour l’Angola, avec son épouse, Sylvia, et leur fils Noureddin, également plaignants, tout comme deux fils de l’ex-président, Bilal et Jalil.

Sollicités, les avocats de la famille Bongo, Mes François Zimeray, Pierre-Olivier Sur, Catalina de la Sota et Clara Gérard-Rodriguez, ont exprimé à l’AFP leur ‘’satisfaction face au travail des juges d’instruction » dans cette information judiciaire ouverte en janvier contre X, pour tortures et actes de barbarie, enlèvement et séquestration en bande organisée’’. Selon l’une des sources proches du dossier,  ‘’les investigations avancent bien et permettent de trouver des dates, des faits précis et des responsables’’ des violences dénoncées.

La famille Bongo (le père, Omar, pilier de la « Françafrique » de 1967 à 2009, puis le fils, Ali) a dirigé pendant cinquante-cinq ans le Gabon, un petit Etat d’Afrique centrale riche en pétrole, sous le joug d’une élite accusée par ses opposants de ‘’corruption massive’’ et de ‘’mauvaise gouvernance’’.

Ali Bongo avait été renversé le 30 août 2023 par le général Brice Oligui Nguema, puis assigné à résidence dans sa villa de Libreville. Il était « libre de quitter le pays », selon le pouvoir ; « en résidence surveillée » avec « interdiction de quitter sa maison », selon son fils Jalil Bongo.

Les avocats de la famille ont dénoncé, depuis ce putsch, des tortures visant Sylvia et Noureddin Bongo : ‘’Electrocution’’, ‘’simulation de noyade’’, ‘’étranglement’’ et ‘’privation de nourriture’’. ‘’Dix-huit mois à deux sans sortir d’un sous-sol’’, précise Me Zimeray.

Le général Oligui, devenu officiellement président du pays à la mi-avril, avait démenti à la fin de mars toute forme de torture et promis que Sylvia et Noureddin, qui doivent être jugés pour détournement de fonds publics, bénéficieraient d’un « procès équitable ».

Leur libération a provoqué l’émoi sur les réseaux sociaux, alors que le président Oligui, qui avait promis la tenue d’un procès contre les membres de l’ancienne famille présidentielle, ne s’est pas exprimé sur l’affaire. Le parquet a tenu à préciser que l’épouse et son fils se trouvent actuellement sous un régime de liberté provisoire, en attendant leur procès.

V.A.