Une vidéo atroce du célèbre chanteur Longue Longue affole les RS au Cameroun

Afriquinfos Editeur
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L'artiste camerounais Longue Longue (DR)

Yaoundé (© 2024 Afriquinfos)-  Alors que les horribles circonstances dans lesquelles le journaliste Martinez Zongo avait été assassiné, continuent de choquer l’opinion publique au Cameroun et dans le monde, la diffusion d’une vidéo de torture de l’artiste chanteur Longue Longue, en rajoute une sacrée couche. Si la vidéo date de quelques années, elle n’en a pas moins suscité une vague de réactions outrées par ces pratiques d’un autre âge pour réduire au silence les voix dissonantes. De nombreuse voix, artistes et hommes politiques, ont condamné et appelé à ce que les auteurs soient traduits devant la justice.

C’est la victime elle-même, l’artiste Longue Longue, connu pour ses chansons engagées et dénonçant la gouvernance de Paul Biya, 91 ans et au pouvoir depuis 1982, qui a diffusé la vidéo sur les réseaux sociaux. Celle-ci, fait froid dans le dos. On y voit, le chanteur en sous-vêtements, maintenu par terre, ses jambes en bas d’une chaise, sont piétinées pour être immobilisées. Sous les ordres de leur chef hiérarchique, des hommes en civil administrent des coups de machette à la plante des pieds de l’artiste. Ils lui demandent de dénoncer la personne qui l’a envoyé « dans la dernière vidéo ». En réponse, l’artiste répond, « personne » en implorant la clémence de ses bourreaux. Et au commandant d’ordonner de continuer à le fouetter. « Pardon mon frère », « pardon commandant », « j’ai le nerf sciatique », « pardon je m’excuse », peut-on entendre l’artiste gémir sous l’effet des coups de machette.

Dans une autre vidéo Longue Longue de son vrai nom, Simon LongKana Agno, a déclaré qu’il a été enlevé en 2019 par un groupe de militaires à l’hôtel Sawa à Douala. Il a été « emmené à la sécurité militaire ». « Ils m’ont torturé », « ils ont voulu me tuer », explique-t-il.

Il est impossible de ne pas faire le parallèle entre ce nouveau scandale et celui du journaliste Martinez Zongo. Enlevé le 17 janvier 2023 devant un poste de gendarmerie dans la banlieue de la capitale Yaoundé, Arsène Salomon Mbani Zogo, dit « Martinez », 50 ans, avait été retrouvé mort cinq jours plus tard. Son corps nu était atrocement mutilé. 17 personnes dont de haut responsables militaires et un homme d’affaires ayant pignon sur rue, sont poursuivis pour l’enlèvement, actes de torture et le meurtre de Martinez Zogo.

Aussi, la diffusion de la vidéo de torture de Longue Longue a suscité de nombreuses réactions d’indignation sur les réseaux sociaux : « Pour avoir déclaré que Maurice Kamto était le vainqueur de l’élection présidentielle de 2018, l’artiste musicien LONGUE LONGUE a été torturé avec une rare violence par les éléments du SEMIL 2019 », déclare Joseph Emmanuel Ateba, chargé de la communication du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), parti d’opposition. « Je viens de découvrir ces images insoutenables. Elles sont la traduction de la cruauté d’une poignée de « commandants » de la République. Si « forts » devant les faibles… Justice ! Justice ! Justice ! pour l’artiste LONGUE LONGUE.  Mon Dieu ! Qu’a-t-il fait pour souffrir de cette furie déshumanité ? Qui sont-ils pour infliger une telle barbarie aux autres ? Qui arrêtera la violence qu’ils enflamment ? », a pour sa part, réagi Cabral Libii, président national du Parti camerounais pour la réconciliation nationale. « Seigneur, le noir est un loup pour son frère l’ennemi du noir, c’est lui-même. En regardant cette horrible vidéo j’ai une fois imaginé ce que Matinez Zogo à vécu seigneur. Stop à cette barbarie que certains hommes en tenues utilisent encore au Cameroun pour dominer les opprimés. Il est temps que cette barbarie prenne fin. Cette même barbarie qui a causé la mort de beaucoup de nos frères et sœurs. Tous, derrière Longue Longue. Personne ne mérite une telle humiliation (…), Chers frères africains, et du monde ceci nous concerne tous alors partageons cette vidéo pour que le monde entier soit témoin de ce que vivent nos frères et sœurs. Stop à la dictature », condamne l’artiste Lady Ponce.

L’avocat Akere Muna que Longue Longue avait soutenu lors de la Présidentielle de  2018 et, candidat à la prochaine présidentielle, exige une « condamnation sans équivoque ».

Longue Longue est aujourd’hui réfugié en France mais continue de craindre pour sa sécurité et celle de sa famille restée au Cameroun La publication de la vidéo, a déclenché des menaces de représailles contre ses proches. L’artiste avoue avoir quitté son pays par peur des conséquences de la prochaine élection présidentielle. Cette affaire témoigne des risques encourus par les artistes engagés au Cameroun, où la critique du pouvoir peut mener à la torture, à l’exil, voire pire encore.

Récemment, alors que des rumeurs alarmantes sur l’état de santé du Président Paul Biya prospéraient sur les réseaux sociaux, une note signée par Paul Atanga Nji, le ministre de l’administration territoriale stipule que « Le chef de l’Etat est la première institution de la République, et les débats sur son état relèvent du domaine de la sécurité nationale », et que « Tout débat dans les médias sur l’état du président de la République est par conséquent formellement interdit », et « les contrevenants devront faire face à la rigueur de la loi »

Boniface T.