Bakou (© 2024 Afriquinfos)- La 29e conférence de l’ONU sur le changement climatique a démarré ce lundi 11 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan. Plusieurs Présidents africains, parmi lesquels Abdelmadjid Tebboune, Faustin-Archange Touadéra, Denis Sassou Nguesso, Emmerson Mnangagwa (Zimbabwe), Faure Gnassingbé (Togo) prennent part à l’évènement.
Les pays du continent prennent part à la rencontre avec des priorités claires: obtenir un financement renforcé pour faire face aux conséquences du changement climatique et revendiquer des compensations pour les pertes subies, alors que l’Afrique est l’un des continents les moins responsables des émissions de gaz à effet de serre.
A l’ouverture des travaux, des voix se sont encore élevées pour tirer la sonnette d’alarme sur les conséquences redoutables du dérèglement climatique. L’unanimité est faite de mobiliser davantage de ressources financières pour contrer l’évolution des changements climatiques, renforcer l’ambition et la facilitation des actions porteuses d’espoir pour des résultats inclusifs et durables.
Ni les Etats-Unis, ni la Chine, ni l’Inde, ni le Canada, ni le Japon n’avaient envoyé de représentants. Idem pour des pays importants de la diplomatie climatique, comme la France ou l’Allemagne. Des absences qui ont laissé de l’espace à une trentaine de dirigeants africains, tous frappés par l’intensification des «aléas» climatiques.
Le président du Togo a pris la parole devant l’assemblée de chefs d’État et de gouvernement pour réclamer l’aide des pays riches pour faire face à la crise climatique comme ils s’y sont engagés dans les accords internationaux. Les pays développés et pollueurs sont les premiers responsables de la crise climatique et ils doivent payer leur juste part, estime Faure Gnassingbé.
«Les promesses climatiques non tenues ne suffisent plus. Chaque année, l’urgence s’accentue. Chaque année, l’inaction nous rapproche d’un point de non-retour. Il est temps que nos actions reflètent l’ampleur de l’urgence. Il faut une véritable justice climatique, c’est-à-dire une responsabilité partagée, mais différenciée entre les pays», a déclaré le président du Togo.
Chacun avait ciselé ses mots pour décrire l’avalanche des catastrophes. Emmerson Mnangagwa, président du Zimbabwe, a évoqué la «sécheresse dévastatrice qui perturbe beaucoup d’aspects de la vie de nos habitants». Philip Isdor Mpango, vice-président de la Tanzanie, a calculé que son pays perdait de «2% à 3 % de son produit intérieur brut [PIB] » à cause des dérèglements climatiques. Tiémoko Meyliet Koné, vice-président de la Côte d’Ivoire, a alerté sur «les deux millions» de ses compatriotes «qui pourraient tomber dans l’extrême pauvreté».
Le président du Congo, Denis Sassou-Nguesso, a abordé la question cruciale de la préservation des forêts tropicales, comme nous l’avons écouté sur les ondes de la radio française (RFI) dans l’émission «Afrique Midi ».
Selon lui, le nouvel objectif de financement climatique doit s’appuyer sur des données scientifiques qui prennent en compte les besoins d’un pays et ces besoins s’élèvent désormais à plus de 1000 milliards de dollars. Notre souhait est que le montant de ce nouvel objectif soit défini dans une perspective de justice climatique.
D’autres figures influentes, comme le président kényan William Ruto seront présentes. Ce dernier, qui a organisé le premier sommet africain sur le climat à Nairobi en septembre 2023, a appelé à une croissance verte et à dépasser les divisions entre le Nord et le Sud. Cet appel a particulièrement résonné auprès des pays industrialisés, dont la responsabilité historique dans le dérèglement climatique est bien établie.
Le principal enjeu est de savoir si les États vont se mettre d’accord sur un nouveau montant d’aide aux pays en développement pour financer leur transition énergétique. Seyni Nafo est le porte-parole du groupe des négociateurs africains. Il préside aussi le Fonds vert pour le climat et coordonne l’Initiative d’adaptation de l’Union africaine.
Un financement annuel de 1 300 milliards de dollars d’ici 2035
Seyni Nafo explique que les dirigeants africains visent un financement annuel de 1 300 milliards de dollars d’ici 2035. L’objectif actuel de 100 milliards de dollars par an est devenu insuffisant face aux besoins croissants. « En 2025, nous partirons d’un seuil de 110 milliards pour progresser progressivement chaque année jusqu’à atteindre 1 300 milliards », souligne Nafo, en réponse aux défis climatiques des pays en développement.
Chaque Etat partie est invité réaffirmer son engagement à travers une déclaration mettant en relief des mesures et des perspectives dans le cadre de l’action climatique.
Le Président togolais, Faure Essozimna Gnassingbé, n’a de cesse plaider pour des actions concertées et plus de solidarité internationale non seulement pour mieux juguler le fléau mais aussi pour des raisons de survie. Notre pays s’est engagé inexorablement à contribuer à la réduction substantielle des émissions de gaz à effet de serre de 20, 51% à l’horizon 2030. Bien qu’elle dispose de 60 % des meilleures ressources solaires au monde, l’Afrique ne représente que 1 % de la capacité solaire installée, et 600 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité.
Afriquinfos