Entre-temps, le "Front de salut national" (principale formation politique au sein de l'opposition créée le 25 juillet) a imposé au gouvernent en place un dernier ultimatum, soit samedi 31 août, pour démissionner et laisser la voie à entamer le dialogue national portant notamment sur la formation d'un nouveau cabinet restreint de compétences indépendantes.
"Le dialogue national ne commencera effectivement que si toutes les parties impliquées acceptent de faire des concessions pour le bien du pays", avait déclaré le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du Travail (UGTT), Houcine Abassi, qui mène actuellement la médiation. Le chef de la centrale syndicale (UGTT) a également affirmé que les partis de la Troïka (coalition tripartite au pouvoir) ont déjà accepté le principe de dissolution du gouvernement à moins que la date de démission doive être déterminée ultérieurement voire même après le démarrage du dialogue. Au cours d'une réunion (vendredi) avec les "parrains" du dialogue national attendu (centrales syndicale et patronale, Ordre des avocats et Ligue de protection des droits de l'Homme), la Troïka a présenté sa propre initiative à quatre points pour faire sortir le pays de l'actuelle crise politique.
Convaincus de l'impérative de céder le pouvoir à des indépendants – principale revendication de l'opposition – Ennahdha et ses deux alliés de la Troïka ont promis que "le gouvernement annoncera officiellement et publiquement sa démission le 29 septembre 2013", premier point divulgué vendredi par la radio privée "Shems Fm" (Soleil FM) citant des sources informées.
Deuxième point de la proposition de la Troïka stipule, selon les mêmes sources, que la première réunion du dialogue national devrait se tenir la semaine prochaine pour se poursuivre jusqu'à fin septembre avec pour objectif de trouver un consensus autour d'une "personnalité nationale" devant conduire le nouveau cabinet. La Troïka propose également la reprise des travaux de la Constituante simultanément avec le démarrage du dialogue national (semaine prochaine). L'Assemblée s'engage, d'après la proposition, à approuver la nouvelle Constitution le même jour de l'annonce de démission de l'actuel gouvernement, soit le 29 septembre prochain.
Le dernier point oblige l'Assemblée constituante à parachever ses tâches (mise en place d'une instance chargée des prochaines élections et conception du code électoral. Et d'imposer le 23 octobre 2013 comme ultimatum pour finir toutes les missions constituantes. Autre alternative : le 1er septembre pour la démission et le 27 septembre pour la désignation d'un "cabinet de compétences". Juriste et ex-président de la "haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution" tunisienne, Iyadh Ben Achour a présenté récemment une feuille de route qui va de pair avec l'initiative de la puissante centrale syndicale (UGTT) fondée sur la démission du gouvernement, formation d'un cabinet indépendant et le maintien de la Constituante en l'obligeant à suivre un agenda temporel bien déterminé.
D'après M. Ben Achour, la démission de l'actuel cabinet et le lancement du dialogue devront avoir lieu dimanche 1er septembre 2013 après quoi l'Assemblée se réunira pour adopter une "loi constitutionnelle", nomination d'un comité d'experts pour finaliser la Constitution, limitation des prérogatives de l'Assemblée à l'approbation de la Constitution et la loi électorale et délégation des législations aux trois présidents (chefs d'Etat et du gouvernement et président de l'Assemblée). Le 10 septembre 2013, ajoute Ben Achour dans sa proposition, serait la date de présenter la démission de l'actuel gouvernement au président de la République, qui le (gouvernement) chargera de gérer les affaires courantes du pays dans l'attente de la passation du pouvoir. La désignation du nouveau cabinet technocrate pourrait se faire le 27 septembre.
Finalement, M. Ben Achour estime que l'adoption de la nouvelle Constitution et celle de la loi électorale seraient pour la période allant du 10 septembre et le 22 octobre de cette année. Un jour plus tard (23 octobre), la Constitution devrait être annoncée officiellement. Toujours selon ce calendrier, les élections présidentielles auraient lieu pas avant le 23 mars 2014 pour le premier tour tandis que le second se tiendrait le 6 avril 2014. Quant aux élections législatives, M. Ben Achour propose la date du 4 mai de l'année prochaine. Au moment où le parti d'Ennahdha ainsi que certains de ses alliés au pouvoir (notamment le parti présidentiel) essayent sans cesse d'être le plus proche possible des attentes de l'opposition, cette dernière semble être déterminée à ne pas reculer sur ses demandes visant à renverser le pouvoir des islamistes qui ne pourrait se concrétiser réellement – selon plusieurs leaders de partis opposants – que par une démission dans l'immédiat de l'actuel gouvernement d'Ali Laarayedh. Une requête avalisée par la coalition tripartite au pouvoir avec des réserves sur la date de sa mise en œuvre.