Tunisie : Le président Marzouki cherche une issue à la crise

Afriquinfos Editeur
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Un entretien qui coïncide avec le démarrage samedi de la campagne "Erhal" (Dégage) appelant à limoger tous les responsables nommés sur fond d'intérêts partisans au sein de l'administration tunisienne. Les gouverneurs des provinces ainsi que les haut-responsables régionaux sont désormais les plus concernés

D'après la présidence de la République, la rencontre Marzouki-Abassi a abordé principalement les résolutions susceptibles de faire sortir la Tunisie de la crise politique actuelle. "Les concertations progressent à un rythme soutenu et viennent de franchir des étapes avancées", a déclaré le patron de l'UGTT à l'issue de cette réunion. Sur un autre plan, le président Marzouki transmettra samedi au chef de l'UGTT la position officielle de la coordination de la Troïka (coalition tripartite au pouvoir conduite par Ennahdha) dont le comité directeur serait en réunion, d' après une déclaration du secrétaire général du Congrès pour la République (parti présidentiel et membre de la Troïka) Imed Daïmi.

Depuis le 25 juillet dernier, date de l'assassinat par balles, de l'opposant-député Mohamed Brahmi, la Tunisie s'est basculée dans une crise politique et socioéconomique perçue localement comme l'une des plus aigües depuis la chute du régime Ben Ali le 14 janvier 2011.

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Une vague de colère populaire et des marches de protestations se sont déclenchées depuis lors dans la capitale comme dans plusieurs provinces du pays réclamant le renversement du pouvoir actuel dirigé par les islamistes d'Ennahdha accusée (par l'opposition) d'incompétence et de mainmise sur les différentes articulations de l'Etat.

Depuis plus d'un mois, une cinquantaine de députés de l'Assemblée constituante ont annoncé la suspension de leurs activités parlementaires jusqu' à la satisfaction des revendications de la rue : dissolution immédiate du gouvernement d'Ali Laarayedh (Premier ministre).

Une revendication formulée et farouchement défendue par le "Front de salut national" constitué par l'Union pour la Tunisie et le Front populaire, respectivement deux coalitions du centre-droit et d'extrême gauche. Ce dernier (Front de salut national) conditionnait la reprise du dialogue national sur la crise avec la dissolution du cabinet de Laarayedh, la reconnaissance d'Ennahdha de ses "erreurs" et la dissolution de la Constituante.

C'est dans ce contexte que survient l'intervention médiatrice de la puissante centrale syndicale tunisienne (UGTT) qui proposait aux partenaires politiques une initiative pour sortir le pays d'une situation qualifiée de critique : spirale de violences et montée de terrorisme (attentats à l'explosif, embuscades militaires et explosions de mines faisant plusieurs morts parmi les militaires). L'initiative de l'UGTT consiste en effet en la formation d'un gouvernement restreint apolitique conduit par une personnalité nationale indépendante avec l'interdiction de se porter candidat aux prochaines élections, outre la formation d'un Comité d'experts en droit constitutionnel chargé de finaliser la nouvelle Constitution.

Pour ce qui est de la Constituante, la Centrale syndicale exige son maintien, à moins qu'il soit "forcé" à suivre un agenda bien déterminé limité à parachever l'élection du conseil de l'instance  électorale, concevoir le Code électoral et voter la Constitution dans des délais ne dépassant pas quelques semaines pour ainsi tenir les élections présidentielles et législatives.

 Sur le terrain, l'opposition précisément le "Front de salut national" intensifiait ses actions populaires afin de presser les islamistes au pouvoir et ses alliés à faire des concessions : un sit-in ouvert face à la Constituante baptisé "Errahil" (Départ) où des milliers de Tunisiens se rassemblent quotidiennement appelant à écarter les islamistes du pouvoir, dissoudre la Constituante et former un "gouvernement de technocrates".

Bien que le leader d'Ennahdha, Rached Ghanouchi, avait récemment annoncé, avoir accepté l'initiative de l'UGTT (avec certaines réserves liées à la dissolution du gouvernement) et reprendre le dialogue, l'opposition semble être déterminée à ne pas reculer sur sa principale requête : pas de dialogue avant la dissolution du cabinet d'Al Laarayedh.