Tunisie : Des personnalités politiques lancent une initiative de médiation pour sortir de la crise

Afriquinfos Editeur
5 Min de Lecture

Présentée dimanche lors d'une conférence de presse, cette initiative est menée par l'ancien bâtonnier et ex-ministre Mohamed Kilani, le militant des droits de l'Homme et juge Mokhtar Yahyaoui en plus de l'ancien diplomate Taoufik Ouanès.

"Il s'agit d'une initiative qui émane de personnalités nationales indépendantes et neutres ayant déjà entamé des contacts avec plusieurs partis politiques dont Ennahdha (parti islamiste majoritaire au pouvoir), le Congrès pour la République (parti présidentiel), le Forum démocratique pour le Travail et Libertés ( parti du président de l'Assemblée), outre le Parti Républicain et l'Alliance démocratique (opposition)", a déclaré M. Kilani.

D'après ce dernier, des contacts sont en cours avec d'autres leaders politiques à l'instar du président du parti Nidaa Tounes ( Appel de Tunisie) et ancien Premier ministre Béji Caïd Essebsi outre des composantes de la société civile, l'Union générale tunisienne du Travail (centrale syndicale) et l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (centrale patronale).

"La tentative de médiation s'inspire de principes fondamentaux principalement l'attachement aux institutions de l'Etat tunisien et l'impérative pour la Constituante de poursuivre ses travaux aussi rapide que possible et accélérer le rythme". Sinon, a-t-il poursuivi, sa dissolution provoquerait un "vide institutionnel".

Il sera également question de composer, d'une façon consensuelle, un gouvernement chargé de gérer les affaires du paysjusqu'au parachèvement de la période transitoire avec l' approbation de la nouvelle Constitution et la tenue des élections générales.

Pour l'ancien bâtonnier tunisien, toutes les parties concernées sont invitées à s'appliquer à une "période de répit médiatique" de nature à éviter un climat de tension mais surtout en appliquant sévèrement la loi sur tous ceux qui incitent à la haine et à la violence indépendamment des orientations politiques ou idéologiques.

Sur le terrain et mis à part les multiples manifestations populaires dans la plupart des provinces du pays, la capitale tunisienne se veut divisée entre deux camps : celui composé des pro-gouvernementaux dont la majorité des sympathisants du parti islamiste Ennahdha.

Défendeur de la légitimité de l'actuel gouvernement et de l'Assemblée constituante tout en mettant en garde que ces deux institutions demeurent une "ligne rouge" à ne pas franchir, ce premier clan a placé son rassemblement à place de la Kasbah (tout près du siège du gouvernement à Tunis) sous le signe du "Million pour la défense de la légitimité".

Cependant et pas loin de la place de la Kasbah, la place du Bardo où se trouve le siège de l'Assemblée constituante a été aménagé par des milliers de manifestants opposants pour être leur propre "fief" qui abrite le "rassemblement du départ" marqué par un sit-in ouvert de bon nombre de députés de l'opposition.

Après l'assassinat le 25 juillet passé au grand-Tunis de l' opposant et député du Courant populaire Mohamed Brahmi (le deuxième après celui de l'opposant de gauche Chokri Belaïd, le 6 février 2013), la Tunisie connaissait une vague de colère populaire manifestée par des marches pacifiques et rassemblements de protestation.

Une situation aggravée par des attentats terroristes ciblant en premier lieu les institutions sécuritaires et militaires: affrontements près de la frontière algérienne (centre-ouest) faisant 8 morts parmi les soldats tunisiens, des explosions de mines antipersonnel et antichar causant la mort (dans une semaine) à un militaire outre plusieurs blessés.

Et tout récemment des accrochages entre la brigade antiterroriste et groupe armé dans l'un des quartiers à l'entrée Sud de la capitale : un élément qualifié de terroriste a été abattu, un autre blessé et quatre restants sous les verrouillés des unités spéciales antiterrorisme.