Tunisie : L’opposition se manifeste contre la violence politique

Afriquinfos Editeur
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Partant de l'Avenue Bourguiba, plusieurs centaines de manifestants ont passé devant le siège du ministère de l'Intérieur pour atteindre la Place des Droits de l'homme (centre-ville de Tunis) en présence massive des forces de l'ordre et des unités militaires, a constaté le correspondant de l'Agence de presse Xinhua.

En effet, les renforts sécuritaires ont été remarqués depuis samedi passé dans la capitale tunisienne tout comme dans d'autres régions du pays en prévision de la célébration du premier anniversaire de la tenue des élections du 23 octobre 2011. Pour la marche d'aujourd'hui, les forces de l'ordre ont essayé de bien encadrer la manifestation et préserver les citoyens et les biens publics et privés contre des éventuels dépassements et actes de violences.

S'arrêtant devant le siège du ministère de l'Intérieur, les manifestants ont exprimé leur mécontentement quant à la dégradation des volets sécuritaire et socio-économique. Les " Dégage" fusent de partout à destination de la Troïka (coalition tripartite au pouvoir). Plusieurs personnalités politiques tunisiennes ont participé à cette marche dont l'ex-gouverneur de la Banque centrale de Tunisie Mustapha Kamel Nabli.

En pleine foule, le secrétaire exécutif du parti Républicain a indiqué que "cette marche cherche essentiellement à dénoncer toute forme de violence que soit verbale, physique ou encore politique", faisant allusion au décès il y a quelques jours d'un militant du parti "Appel de Tunisie" à Tataouine (Sud-est tunisien) suite à une agression par des participants à une marche, dégénérée en actes de violences.

Pour la secrétaire générale de ce parti Mme Maya Jéribi, ce mouvement de protestation appelle l'actuel gouvernement tunisien à "assumer toute sa responsabilité et s'engager dans un processus de dialogue afin de récupérer la confiance et rassurer le citoyen quant à la situation actuelle et future de son pays".

Alors que certains manifestants voient que la violence "n’honore pas la Tunisie postrévolutionnaire, tout au contraire, il le fera plonger dans une dangereuse tornade" (d'après une jeune tunisienne), d'autres insistent que le 23 octobre 2013 serait la " date limite" pour la légitimité des dirigeants actuellement au pouvoir en Tunisie.

"En Tunisie, la pratique politique n'est pas encore mature, ce qui explique l'invisibilité qui affecte le paysage général notamment en matière de transition démocratique", a déclaré aux médias présents parmi les manifestants, une universitaire de sociologie.

Une grande partie des manifestants ont réclamé la neutralité de l'institution sécuritaire tunisienne, la préservation des libertés, la promotion du mode de vie des Tunisiens ainsi que la répartition équitable des richesses et la lutte contre le passéisme.

Cette marche de protestation s'est déroulée dans le calme et aucun incident n'a été enregistré sachant qu'elle a fusionné avec une deuxième marche organisé (au même temps ou presque) par le Front populaire, un nouveau rassemblement de partis politiques de l'opposition tunisienne.

A un jour du 23 octobre, date de référence pour les Tunisiens, la scène politique semble être divisée en deux clans: d'un côté la Troïka au pouvoir qui fera de demain une "date de fête puisqu'il symbolise le premier anniversaire de la vraie démocratie" selon l’expression du leader du mouvement islamiste Ennahdha (Renaissance). De l'autre côté une opposition, pour laquelle, cette date sera synonyme de fin de légitimité du gouvernement actuel.