Tunisie: L’Egypte vit un "scandale pour les prédicateurs de la démocratie et du libéralisme" (leader du parti islamiste)

Afriquinfos Editeur 46 Vues
4 Min de Lecture

"Les récents incidents en Egypte sont une première, à moins que le frère du président syrien Bachar Al-Assad avait mené une large opération militaire contre les Frères musulmans dans les années 80 en Syrie", a commenté M. Ghanouchi s'adressant aux médias locaux et étrangers.

Admettant que tous les défenseurs de coups d'Etat "sont désormais incapables de réagir", le numéro un d'Ennahdha a insisté que "ce qui se passe en Egypte est un coup d'Etat sur la légitimité d' autant qu'il s'agit d'un massacre ciblant des civils innocents". Pour Ghanouchi, les pays occidentaux "ont réalisé tardivement que ce qui s'est passé en Egypte est un coup d'Etat et qu'ils (ces pays) l'ont soutenu". Sur un autre plan, Rached Ghanouchi a démenti des informations relayées localement portant sur l'entraînement par le mouvement palestinien Hamas de bon nombre d'individus servant Ennahdha.

M. Ghanouchi a également nié le stockage de son parti d'armes en prévision d'éventuels heurts en cas de révolution populaire menée en Tunisie contre Ennahdha. Evoquant l'affaire intérieure de son pays, le leader d'Ennahdha a assuré que la Tunisie ne verra pas un scénario à l'égyptienne. "Il n'y aura pas un Abdelfattah al-Sissi en Tunisie", a-t-il estimé affirmant que les efforts s'amplifient pour garantir la transparence de ce qui reste de la phase transitoire.

La Tunisie pourrait basculer vers le chaos en cas de dissolution de l'actuel gouvernement, a averti M. Ghanouchi avant d'ajouter que "le gouvernement ne sera pas dissout et les erreurs commises ne justifient pas sa dissolution". Appelant les différentes fractions politiques de son pays à reprendre le dialogue pour trouver le consensus, le numéro un d'Ennahdha a qualifié de "chaotiques" les initiatives réclamant la dissolution du gouvernement. D'un autre côté, "l’Assemblée constituante se veut le pilier qui tient la tente", a-t-il commenté. Il a par ailleurs exprimé son refus catégorique de la formation d'un "gouvernement national de sauvetage" composé de compétences indépendantes ainsi que la dissolution de l'actuel gouvernement en tant que "condition exclusive" pour la reprise du dialogue.

Cependant,  M. Ghanouchi a farouchement défendu l'Assemblée constituante et la formation d'un "gouvernement d'union nationale" présidé par son parti Ennahdha et conduit par l'actuel Premier ministre Ali Laarayedh. Evoquant la loi d'"immunisation de la révolution", fortement controversée et faisant objet d'un violent bras de fer entre islamistes et opposants, M. Ghanouchi a rassuré que les négociations seront relancées dès la reprise des travaux de la Constituante actuellement en "standby" sur décision de son président Mustapha Ben Jaafar.

Dans ce cadre, le chef du parti au pouvoir en Tunisie a exhorté les députés retirés de la Constituante à reprendre leurs activités pour accélérer l'élaboration du code électoral, finaliser l'élection des 9 membres du conseil de l'instance électorale avant de préparer les prochaines élections générales. Au nom de son parti Ennahdha, M. Ghanouchi a proposé certaines résolutions pour faire sortir le pays de la crise dont le renforcement de la neutralité administrative, un calendrier claire et précis faisant les contours de la phase à venir.

Il s' agit également, selon lui, de finaliser la composition de l' ISIE une semaine après la reprise des travaux de la Constituante, approuver la nouvelle Constitution et concevoir une loi électorale vers la fin septembre 2013 ainsi que le bouclage des travaux de l' Assemblée constituante au plus tard durant le mois d'octobre prochain.