Tunisie : La légitimité du nouveau gouvernement dépend de la confiance des élus du peuple

Afriquinfos Editeur
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Selon le Premier ministre désigné Ali Arayedh, le nouveau gouvernement aura une fois approuvé un mandat "restreint" d' environ neuf mois (jusqu' à fin 2013) durant lequel quatre priorités s' imposent: clarifier la vision politique et préparer le terrain pour les élections; rétablir la sécurité, lutter contre le crime, la dérive et la violence; développer l' économie, promouvoir l' emploi et stimuler le développement, et finalement poursuivre le processus de réforme, lutter contre la corruption et appliquer l' amnistie générale.

"L’organisation d’élections libres, démocratiques et transparentes demeurent tributaire d’un compromis autour d' un calendrier au sein de la Constituante", a estimé M. Arayedh s' adressant aux débutés. Selon lui, force sera d' "imposer le respect de la souveraineté de la loi, préserver le prestige de l’Etat et le protéger contre toute violation".

Sur le plan socioéconomique, le nouveau Chef du gouvernement tunisien a promis de "s’efforcer d’améliorer les performances réalisées en 2012 à la faveur de la réduction du déficit budgétaire à 24% (…) consolider les recettes de l’Etat grâce à un meilleur taux de recouvrement fiscal et non-fiscal" outre la réduction de la disparité régionale et la résolution des "blocus" entravant la mise en œuvre de plusieurs projets publics et privés.

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Quelques peu après la présentation par le Premier ministre Ali Arayedh de son cabinet ainsi que les grandes lignes de sa feuille de route proposée pour la prochaine étape, les réactions des députés et blocs parlementaires se sont multipliées entre ceux qui soutiennent le nouveau team gouvernemental en l' appelant à être plus efficace que son prédécesseur et d' autres qui ont déjà décidé de ne pas voter la confiance.

Membre du bureau politique du parti opposant "Nida Tounes" (Appel de Tunisie), Khmaies Ksila a déclaré que son parti "ne croit pas en la réussite du nouveau gouvernement" et votera contre la confiance au nouveau cabinet gouvernemental.

Toujours dans le cadre des réactions de partis de l’opposition, le dirigeant du Parti des Patriotes démocrates unifié Monji Rahoui a estimé que "le gouvernement échouera comme celui qui l’a précédé". D' un autre côté, "ce gouvernement n’apportera rien" comme s’est exprimé le porte-parole du Parti républicain Issam Chabbi, appelant à organiser un dialogue national pour fixer l' agenda politique de la période à venir.

Coalition d’une dizaine de partis de gauche, le Front populaire a exprimé ses réserves quant à la nouvelle composition gouvernement qui "ressemble par beaucoup d’aspects au gouvernement précédent aux niveaux des orientations et du programme d’action", d' après un communiqué du Front populaire.

Les principales revendications de la classe politique tunisienne ont été négligées, lit-on dans le communiqué. Il s’agit essentiellement de "dévoiler les circonstances de l’affaire de l’assassinat de Chokri Belaïd (l’un des leaders de l’opposition), de dissoudre les Ligues de protection de la révolution (associations pro-islamistes) et mettre fin à l’instrumentalisation des mosquées".

La Voie démocratique et sociale a exprimé en la personne de son porte-parole Samir Bettaieb son intention de ne pas donner la confiance au nouveau gouvernement. "La nouvelle composition gouvernementale ne représente pas le peuple tunisien" au vu d’une présence féminine "timide" (une ministre et deux secrétaires d' Etat) et quasi-totale des jeunes.

"A l' exception du domaine gouvernemental, la femme tunisienne est présente dans la majorité totale des secteurs d’activités", a indiqué M. Bettaieb lors de son intervention. Et d’ajouter que "l’absence de la jeunesse sera de nature à semer le désespoir d' autant plus que le nouveau gouvernement ayant un mandat restreint n’a pas besoin d’un programme mais plus d’une série de mesures urgentes et adaptés aux besoins de l’actuelle étape".

D’un autre côté, le nouveau gouvernement serait appuyé par la Troïka (coalition tripartite au pouvoir) en l’occurrence le mouvement islamiste Ennahdha majoritaire, le Congrès pour la République et le Forum démocratique pour le Travail et les Libertés outre certains indépendants et blocs parlementaires indépendants dont "Liberté et Dignité".

Président du bloc "Liberté et Dignité", Mohamed Ilahi a confirmé que son bloc approuvera la nouvelle composition du gouvernement, mais il est contre la reconduction de quelques ministres.

Loin des différentes réactions politiques et afin de bénéficier de la confiance de l’Assemblée constituante et pouvoir entamer sa mission, le Premier ministre Ali Arayedh a besoin d’une majorité de "50%+1" soit 109 votes favorable sur un total de 217 voix, sachant que les blocs parlementaires des trois partis de la Troïka peuvent réunir au moins de 117 voix favorables.