Tunisie : L’économie est soutenue par l’agriculture malgré des difficultés

Afriquinfos Editeur
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Au moment où la contexte général de l'économie tunisienne en 2011 tendait vers la crise, le secteur agricole a pu réaliser une "performance paradoxale" avec six points de plus en termes de croissance, a déclaré M. Gdira dans une interview accordée mardi à l'agence Xinhua.

"S'il y a un secteur qui a tenu l'économie tunisienne après la révolution, c'est bien l'agriculture", a-t-il insisté.

D'après M. Gdira, trois "grands principes" ont régi la scène économique globale en Tunisie et ont joué en faveur de l'actuelle saison agricole: l'aléa du climat, la conquête de nouveaux marchés ainsi que la récupération de marchés stratégiques dont la Libye.

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Suite aux événements accompagnant la révolution, l'agriculture tunisienne connaît certains problèmes liés principalement à l' approvisionnement, mais les indicateurs sont là pour prouver la " bonne santé" de ce secteur.

La Tunisie compte 16 millions hectares de terres agricoles, dont un tiers de désert, un tiers de forêts et parcours et un dernier tiers de terres labourables, soit environ cinq millions d' hectares. Pas moins de 400.000 hectares de terres irrigués sont des périmètres irrigués, ce qui "est largement suffisant pour satisfaire la consommation de six millions touristes, quelques millions de Libyens, sans compter les exportations et les demandes du marché local", a expliqué M. Gdira.

L'agriculture est caractérisée par sa précocité productive. " Nous produisons beaucoup plus tôt que les pays européens avec lesquels nous avons des accords bilatéraux d'échanges", a dit le chef de l'APIA.

Un autre facteur joue en faveur du secteur agricole tunisien, à savoir sa compétitivité au titre du coût de production, "puisque le coût de la main d'oeuvre (12 à 15 dinars par heure, soit 6 à 8 euros) est beaucoup moins cher dans des pays voisins comme l' Italie (15 euros par heure), selon M. Gdira.

Il a par ailleurs déclaré que "les produits d'origine tunisienne sont approuvés et n'ont pas besoin de certification supplémentaire ni de contrôle sanitaire particulier, notamment les produits biologiques".

L'agriculture biologique demeure un secteur "très prospère" en Tunisie qui occupe la première position en Afrique et dans le monde arabe en la matière. Le produit agricole bio tunisien, a poursuivi M. Gdira, "est approuvé partout dans le monde, notamment en Europe et précisément en Suisse".

La Tunisie est un pays semi-aride, loin d'être équatorial et des études réalisées sur plus d'un siècle prouvaient que la Tunisie se caractérise par un cycle agricole de cinq ans répétitives avec en moyenne: un an "moyennement très bonne", deux ans "moyennement bonnes" et deux années "moyennement mauvaises".

Ainsi, "on peut dire que 2012 est une très bonne année agricole à la lumière des quantités de pluies enregistrées sur certaines périodes de la saison", a rassuré le directeur général de l'APIA.

 

LA LIBYE, MARCHE TRADITIONEL

 

"Le secteur agricole tunisien se veut capable de satisfaire la demande locale, celle du marché libyen ainsi que les exigences de l'exportation", a confié à Xinhua le Directeur général de l'APIA.

 

"L'agriculteur tunisien ne produit pas pour produire, mais plutôt pour vendre son produit". L'année 2012 a connu beaucoup plus de "marchés ouverts" que les années passées.

L'essor du secteur agricole tunisien revient, en grande partie, à la demande incessante du marché libyen voisin, qui représente, selon M. Gdira, un "grand demandeur d'approvisionnement", notamment après la révolution libyenne, qui a "délavé" toutes lacunes politiques favorisant la "fluidité des échanges entre les deux pays".

"Le marché traditionnel libyen a réussi à se libérer vis-à-vis au marché tunisien avec lequel les échanges deviennent de plus en plus fluides et simples", a-t-il dit.

Selon M. Gdira, la Tunisie a également découvert de nouveaux marchés qui émettent actuellement d'énormes commandes fermes sur les produits agricoles tunisiens, si des pays de la rive Nord de la Méditerranée comm la France, l'Italie, l'Espagne restent les plus importants importateurs de ces produits.

 

INVESTISSEMENT ETRANGER EN HAUSSE

 

Le volume de l'investissement étranger dans le secteur agricole en Tunisie s'est multiplié par cinq en 2011 par rapport à l'année 2010, ce qui s'explique par l'intérêt des investisseurs étrangers à s'installer en Tunisie fuyant la crise de l'Union européenne.

Pour l'exercice 2012, les derniers chiffres de l'APIA indiquent que les investissements agricoles privés ont connu une croissance persévérante avec une croissance de 21,5% (4 premiers mois 2012), soit un volume de 107,2 millions de dinars (66,4 millions USD), avec l'approbation de 1.338 opérations d'investissement contre 1. 240 opérations en 2010, soit une croissance de 7,9%, selon le dernier bulletin statistique "APIA News" du mois de mai 2012.

Les sociétés agricoles à participation étrangère peuvent exploiter les terres agricoles et les investisseurs étrangers peuvent détenir jusqu'à 66% du capital social des sociétés, selon le guide de l'investissement étranger dans l'agriculture et la pêche en Tunisie.

"Un investisseur étranger pourrait venir produire ce produit en Tunisie" avant de l'exporter par la suite, a expliqué M. Gdira.

L'investisseur tunisien ou étranger qui parvient à ramener un " bon programme d'investissement, pourrait louer une terre agricole pour produire", suivant des critères déterminés en fonction du contenu du programme, de la période et du produit de l' investissement, a-t-il indiqué.

Selon M. Gdira, les investisseurs étrangers préfèrent souvent louer des terres agricoles de l'Etat tunisien pour des périodes plus ou moins longues, jusqu'à 90 ans parfois, alors que l'Etat tunisien a opté pour la location de ses terres agricoles pour des périodes de 20 à 25 ans.

 

UNE COOPERATION AVEC LA CHINE EN VUE

 

Evoquant les perspectives d'une coopération agricole tuniso- chinoise, M. Gdira a affirmé qu'"il y a d'énormes intérêts de part et d'autres" entre les deux pays.

La Tunisie était le pays d'honneur à la dernière édition de la plus grande foire de l'agriculture et des hautes technologies agricoles de Yangling en Chine (2011), a-t-il rappelé.

Pour lui, "de fortes chances se présentent aux produits agricoles tunisiens, leur permettant d'accéder au marché chinois" compte tenu de la compétitivité des différentes filières agricoles tunisiennes. Partant du cas le plus saillant, l'huile d'olive tunisienne, "saine et vierge", demeure l'un des produits agricoles les plus demandés sur les marchés internationaux, mais " malheureusement elle arrive en Chine à travers d'autres pays". Il en est de même, ajouté M. Gdira, pour les dattes, les poissons et les oranges.

La promotion de la coopération agricole entre la Tunisie et la Chine aura un "double intérêt": d'un côté, le produit tunisien arrive directement sur le marché chinois et d'un autre côté, la Chine "se rapproche du marché africain à travers la Tunisie, qui se veut une plateforme régionale dans ce domaine", a expliqué le chef de l'APIA.

La volonté tunisienne de promouvoir cette coopération tuniso- chinoise sera traduite, entre autres, à travers la réservation, par l'APIA, d'un stand pour la Chine au sein su Salon international de l'investissement agricole et de la technologie ( SIAT 2012), prévu du 10 au 13 octobre 2012 à Tunis.

Ainsi, a dit M. Gdira, "avec tout ce que la Chine est en train de faire dans le domaine agricole, ce pays (…) aura une grande chance lors du SIAT 2012 de présenter son savoir-faire à la fois aux Tunisiens, Libyens, Algériens, Africains, voire même aux Européens".

Le Directeur général de l'APIA a conclu que la coopération entre la Tunisie et la Chine dans le domaine agricole représente " un grand avenir" pour les deux pays.