Deux ans après les élections de l'Assemblée constituante – premières élections transparentes et crédibles dans l'histoire du pays, selon des observateurs locaux – une foule de Tunisiens se sont rassemblés mardi à l'avenue Bourguiba, principal artère au cœur de Tunis, pour à la fois célébrer cette date symbolique et manifester leur mécontentement à l'égard de la situation générale de leur pays, marquée par une crise politique et socioéconomique en plus d'un certain déséquilibre sécuritaire en relation avec la montée du terrorisme.
Convoqué par le Front de salut national (FSN), principale alliance de l'opposition fondée suite à l'assassinat du député Mohamed Brahmi le 25 juillet dernier, le rassemblement baptisé "Départ" a été marqué par la présence de plusieurs personnalités nationales et dirigeants politiques notamment le leader du Parti des Travailleurs, Hamma Hammami, le secrétaire général du puissant parti d'opposition Nida Tounes (Appel de Tunisie) Taieb Baccouche, a constaté le correspondant de Xinhua sur place.
Confirmant la présence à l'avenue Bourguiba d'environ 8 000 personnes, une source du ministère tunisien de l'Intérieur a affirmé qu'un dispositif sécuritaire bien serré a été mis en place appuyé par des "mesures préventives" afin de garantir le bon déroulement du rassemblement.
"Le 23 octobre 2013 marque l'écoulement d'une année après la mainmise de l'actuel gouvernement dirigé par les islamistes du parti Ennahdha sur les rênes du pouvoir", a précisé le FSN dans un tract distribué dans la foule. "Le FSN appelle les Tunisiens à se mobiliser pour dénoncer la persistante de la crise et imposer l'exécution de l'initiative émanant du quartette portant essentiellement à remplacer l'actuel gouvernement par un cabinet indépendant de compétences".
Secrétaire générale du Parti Républicain (membre du FSN représenté à la Constituante), Mme Maya Jéribi a déclaré lors du rassemblement que "la légitimité de l'actuel gouvernement prend désormais fin le 23 octobre, date de la descente à la rue de toutes les franges sociales du pays appelant à appliquer la principale revendication de l'initiative du quartette à savoir le départ de ce gouvernement".
Selon elle, "les Tunisiens s'unissent davantage pour défendre cette initiative qui réclame un nouveau cabinet indépendant dont les principales priorités sont la lutte contre la violence, l'éradication du terrorisme et la révision des nominations administratives effectuées selon des appartenances politiques".
Outre la capitale Tunis, des manifestations et rassemblements ont été observés dans d'autres provinces du pays notamment Sfax (deuxième ville économique), Gafsa au sud-ouest et Le Kef vers le nord-ouest et Kasserine au centre-ouest. Les principaux slogans scandés portent sur l'impératif de faire déchoir le régime en place, le départ de l'actuel gouvernement et l'accélération du dialogue national avant de finaliser la Constitution et organiser les élections présidentielles et législatives dans les plus brefs délais.
Prévu pour aujourd'hui, le démarrage effectif du dialogue national pourrait être retardé voire même reporté, comme l'a confirmé aux médias le président de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l'Homme (membre du quartette), Abdessatar Ben Moussa.
"La première séance du dialogue national sera retardée, a-t-il précisé, en attendant le discours du Chef du gouvernement Ali Laarayedh qui devait être prononcé aujourd'hui même".