Amélété Abalo (coach adjoint des Eperviers) et Stan O’cloo (qui chapeautait la communication de la sélection togolaise) ont trouvé la mort voici trois ans dans l’enclave de Cabinda. Ils étaient tombés sous les balles du FLEC (Front de libération de l’enclave de Cabinda). Trente-six mois plus tard, après les nombreuses dénonciations spontanées de cet acte odieux et les promesses officielles de faire la lumière sur les circonstances de ce drame, rien n’a bougé ! A la place des sérieuses enquêtes promises ici et là, Il n’y a eu que le long bras de fer Haytou/CAF-football togolais sur la suspension des Eperviers des compétitions panafricaines.
Qui a ordonné et cautionné officiellement, à Lomé, le voyage des Eperviers par la route (entre le Congo-Brazzaville et Cabinda) ? Pourquoi l’ambassadeur régional du Togo n’était pas associé à la préparation de ce voyage par la route de ses compatriotes dans une zone de conflit ? Pourquoi la Caf s’est montrée surprise, après l’attentat précité, par l’itinéraire choisi par Adebayor et ses coéquipiers pour gagner l’Angola, alors que cette délégation a bénéficié de la protection militaire du Comité d’organisation de la Can 2010 ?
A ces questions fondamentales, aucun officiel du Togo et de la Caf, aucun journaliste d’investigation n’y a apporté des réponses probantes. Donne plus curieuse que grave, tout le monde s’est mis d’accord dans la famille du football togolais pour instaurer une gigantesque omerta sur ces deux interrogations sus-soulevées. Pourtant, pour des questions d’egos surdimensionnés et de calculs de capitalistes aveugles, les principales têtes d’affiche du foot togolais sont exagérément prolixes, quand surviennent des poussées de fièvre dans ce secteur, généralement à cause de leurs propres impérities.
La culture de la loi du silence dans le foot togolais, c’est aussi ce qui a empêché la lumière sur les réelles conditions dans lesquelles des supporters des Eperviers ont été cooptés comme dans un marché, pour accompagner leurs joueurs en juin 2007 en Sierra Léone. Cette improvisation a laissé un souvenir amer dans la mémoire collective togolaise : le drame de Lungi marqué le crash d’un hélicoptère transportant une partie des officiels du Togo… La liste de ce mutisme complice est longue à dérouler, car elle englobe aussi des morts subites parmi des dirigeants de la Ftf ou dans le lot des joueurs. Comme ceux qui ont trépassé durant le drame de Gléi, brûlés comme des poulets.
A quelques jours de la huitième participation du Togo à une Can, le moment n’est certes pas propice pour ressortir ce linge sale… en famille. Cependant, un jour ou l’autre, il faudra passer par des étapes obligatoires de recherche de la vraie vérité pour panser les grosses plaies du ballon rond togolais. Autant la réconciliation ne se décrète pas en politique, autant cette règle vaut pour le monde footballistique.
Afriquinfos